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mardi 14 mai 2013

Gérer la souffrance et la douleur à vélo

Cyclos de Clermont, 2011
Quand je suis arrivé pas très loin en arrière de mes chums en haut du Mont Lemmon à l’observatoire il y a  3 semaines, c’est-à-dire au plus haut sommet de la montagne, à la fin d’une montée d’une dizaine de kilos entre 10 à 12 % après 35 kilos à 6 % de moyenne. Les gars m’ont dit :
 « Bob! Stie qu’est-ce que tu as fait? Tu as dû pousser mon homme. On est arrivé que depuis peu! Tu as dû souffrir? »
Tu parles d’une question? Bin sûr staffair!!!
Et en soirée, après le souper les gars m’ont demandé comment je gérais la douleur, la souffrance. Bien honnêtement, je n’ai pas su quoi leur répondre sur le coup.

Alors voici comment je vois cela. Je vais essayer de mettre mes idées en ordre d’importance, mais il se peut bien que selon de votre point de vue, certains prérequis soient plus importants que d’autres ou vice versa :
  1. Ça prend de l’orgueil, ce qui veut dire du caractère. Si vous n’avez pas de fierté personnelle, si vous n’êtes pas du tempérament  combatif, compétitif, vous ne vous reconnaîtrez nulle part dans cette chronique! Les meilleurs athlètes au monde présentent ce profil de personnalité.  Ils détestent être deuxièmes. Puis, si tout comme moi vous ne pouvez plus être premier, bien vous changez vos critères de références. Vous vous analysez selon les performances des athlètes du même âge que vous! Vous remontez dans le classement et cela vous permet de vous fixer des objectifs atteignables et réalistes.
  2. Accepter de souffrir. Si on veut gérer la souffrance, faut la vivre! Cela veut dire accepter d’aller sur de courtes ou de longues périodes dans l’inconfort;
    • soit cardio vasculairement, cad que vous êtes constamment sur le point de perdre votre souffle. Votre respiration s’écourte. Elle s’emballe! Vous en avez perdu le contrôle. Vous êtes en mode survie. Votre cœur et respiration sont hors de votre contrôle. Vous avez comme presque mal au cœur, les yeux vous tournent dans les orbites…vous allez sauter d’ici peu. Vous saurez la prochaine fois quoi faire en pareilles circonstances….Mettre du braquet pour atteindre le second palier de souffrance, qui est…
    • …une souffrance musculaire. Cardio vasculairement, vous êtes au top de votre forme. Vous pouvez pousser le gros braquet et vous aimez cela. Les mollets et vos cuisses vous font mal. Vous N’en tenez pas compte. Vous savez que d’ici peu, vous passerez en 2e vitesse. Vous ne les sentirez plus vos jambes. Vous pousserez toujours aussi fort, mais mentalement, vous serez en mesure de repousser cette sensation de douleur. Vous vous concentrerez plutôt sur ce que vous procurera cette résistance à la douleur, si vous continuez de l’endurer; atteindre le sommet la côte en même temps que les autres, créer une rupture avec le peloton par un train d’enfer que personne ne pourra suivre etc!
  3. Accepter de foirer, Si vous accepter de souffrir, il faut accepter de se tromper et d’aller au-delà de ses limites et de "sauter" comme on dit. Fuck la fierté personnelle. On vous demande qu’est-ce qui s’est passé? « J’ai tout donné les gars. » Personne ne peut rien dire à cela! Tu as tout donné mon homme. Quelqu’un qui sait ce qu’est souffrir te dira « Parfait mon homme. Cela ira mieux la prochaine fois. No pain no gain ! » Foirer, sauter est indispensable dans sa croissance personnelle. Cette sensation physique et mentale de se sentir vaincue est hyper importante, parce que d’une fois à l’autre c’est son souvenir, cette semsation qui vous guidera dans votre prochaine souffrance. C’est cette sensation du déjà connu qui vous guidera et qui saura vous dire « envoye mon Bob, donne-y la claque, tu es capable d’en donner encore » ou «  fais attention Bob, si tu y donnes encore, tu joues avec le feu, tu risques de sauter »!
  4. Connaître ses limites. Les étapes précédentes vous amènent à connaître vos limites. Seule cette expérience des 3 premiers prés requis vous permettra de toujours bien jauger jusqu’où vous pouvez aller. Un athlète qui connait ses limites est pas mal plus dangereux qu’un fringuant qui veut épater la galerie au début des rides et qui foirent plus tard, parce qu’ils n’a pas su gérer son énergie ou qu’il ignorait totalement dans quoi il s’embarquait! Pauvre lui! 
  5. Tout cela fait en sorte que vous développez une force mentale. Vous acceptez de souffrir, vous vous connaissez, vous savez comment analyser vos performances et reconnaître ce que vous faites de bien et de mal. Normal. Vous êtes un combatif et un compétitif. Vous n’acceptez pas de refaire et refaire toujours les mêmes erreurs. Vous vous connaissez physiquement et mentalement et vous regardez par en avant…
  6. Ce qui veut dire que vous croyez en vous. Vous êtes de nature optimiste. Vous ne faites pas partie des « ah je ne serai pas capable » Ou si vous le dites, c’est stratégique, parce que vous saurez bien démentir ces faussetés dans l’action en sortant une performance remarquable!
  7. Enfin le dernier point et non le moindre, vous le faites avant tout pour vous. Vous le faites pour votre satisfaction personnelle. C’est certain qu’il est flatteur d’entendre dire par ses pairs que vous êtes un coriace, un fighter. Oui c’est le fun d’avoir un certain statut dans un groupe, mais il faut que tout cela vous procure une fierté personnelle. Vous avez su repousser vos limites. Vous vous êtes battu contre vous. Vous êtes en paix avec vous-même. Vous avez tout donné. Vous vous êtes amélioré depuis la dernière fois ou le dernier mois. On peut être meilleur que vous et ceux qui le sont dans votre tranche d’âge et de poids, méritent que vous les félicitiez, parce qu’ils ont travaillé fort tout comme vous! Savoir reconnaître le talent et le travail d’autrui est un signe d’humilité que seuls les athlètes accomplis peuvent faire. Les autres sont frus et des envieux!
  8. Ah oui un dernier point. Vous êtes capable de vous imposer ces souffrances en entraînement, seul! Personne pour vous dire que vous êtes bon! Vous souffrez parce que vous savez qu’il le faut. Vous le faite pour vous-même. Cette solitude sur route à souffrir avec soi-même est essentielle pour gravir des cols seuls, les yeux crispés pour être en mesure de se dire. « Bob lâche pas. T’es pas un pissou » parce qu’hier, voyez-vous, je me suis imposé un contre-la-montre avec le nord-Est dans le pif sur 15 kilos sur une ride de 60! Et savez-vous quoi? j'ai aimé cela !

--------- __o
------- _-\ <,' 
Aussi un rouleur!
----- (_)/(_) 



2 commentaires :

  1. Voici un commentaire d'un lecteur qui m'A écrit sur Gmail

    Bonjour ,

    je partage ! le mental est essentiel dans le vélo ! il permet de se dépasser, d'aller au-delà de ses limites tout en prenant du plaisir !
    Après 7 étapes du tour, je pense que mon mental m'a souvent aidé car j'ai fini toutes les cyclos !
    Découvrez mon blog pour partager notre passion ensemble
    http://passionduvelo.blogspot.fr/

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    Réponses
    1. Je te remercie d'être passé David. Je suis allé voir ton blogue et tu fais preuve de beaucoup de créativité. Beau travail

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