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vendredi 26 avril 2019

L'invincibilité

Sans être un historien, et dieu sait que je n’en suis pas un, ni un philosophe, quoique je pourrais en être un plus qu’historien, je suis tout de même sociologue de formation vous savez, je m’amusais dernièrement à jongler avec les mots pour tenter d’expliquer pourquoi nous nous acharnons tant à nous améliorer dans un sport, dans une discipline, dans un jeu même, comme plusieurs de nos enfants tentent de faire au détriment d’autres combats comme dans leurs études ou lors d’un premier travail par exemple.

Est-ce que je me trompe ? Il me semble que nous sommes de plus en plus nombreux à être dans cette quête non pas de l’amour, mais de l’invincibilité.

En me référant ici et là sur la définition de « invincible », dont « l’invincibilité » est le substantif, je suis linguiste aussi à mes heures, j’y ai découvert qu’être invincible, c’est ce qui est impossible de vaincre au combat, dans les compétitions, être imbattable. C’est pour cette invincibilité qu’encore aujourd’hui des nations, des armées tentent d’être invincible tels les chefs guerrier qui ont vainement tenté de faire pour protéger leurs terres des envahisseurs. Invincible veut dire qui résiste à, qui est victorieux, qu’il est impossible de dominer, qu’on ne peut venir à bout. Je l’aime bien cette dernière image « Qu’on ne peut venir à boutt » elle me laisse plus de latitude. Je peux intégrer cet idéal ou adapter mon désir d’invincibilité dans un processus, dans un continuum, dans une situation qui me pardonne d’être vaincu. Oui c’est cela ! Parce que qui veut être invincible prend le risque d’être vaincu et dans l’histoire, être vaincu voulait dire mourir pour l’honneur, pour la patrie, pour la cause. J’ai toujours cru un peu d’ailleurs que le suicide était un peu lié à ce sentiment d’échec face à quelque chose que seule la mort apaisera. 

N’est-ce pas ce sentiment d’invincibilité que les gens ressentent en regardant tous ces films à héros, à gros monstres qui réussissent à battre le méchant, les Rocky de ce monde. Quand on voit cette espèce de brute russe immense se faire vaincre par Rocky à bout de ressource, on ne peut s’empêcher de dire « Wow ! Il l’a eu le gros tabernacle » !

Comment se fait-il que nous soyons si nombreux en quête de cette victoire, de ce sentiment d’invincibilité ? Est-ce parce que c’est rendu de plus en plus difficile de se faire gratifier, de se faire dire que nous sommes bons ? Ou qu’on ait décidé d’aseptiser la vie de toutes compétitions par crainte de complexer les jeunes à l’école par exemple ? Au travail même, où les gratifications se font de plus en plus rares au point de rendre les employés complètement désabusés ?

La pratique du vélo serait-elle devenue comme la planche de salut du mortel, qui tente désespérément de survivre dans un monde de compétition, qu’on cherche à enfouir sous le tapis, parce qu’il ne faut surtout pas faire peur à personne en disant que la vie est belle, alors qu’elle est un réel combat ?

Dans mon cas, la pratique du vélo a sauvé ma vie de tout sentiment d’autodestruction. Chaque victoire, si petite soit-elle, m’a permis d’affronter les obstacles de la vie avec un certain optimiste, avec confiance. Pourquoi ? Parce que j’ai dû relativiser plusieurs échecs et me relever après chacun et ce, plus que dans n’importe laquelle autre sphère de ma vie. C’est pour cela qu’il est important de se dire entre nous que nous sommes bons, lorsque nous faisons des efforts, comme le high five que nous partageons tous ensemble après une bonne sortie de vélo, une bonne séance d’entrainement au gym. "Je me suis donné aujourd'hui". "J’ai même tout donné !" Je n’aurais pu faire mieux, mais plus encore, j’ai comme eu le sentiment que j’étais imbattable, invincible. Ce combat, je le fais avec moi-même. Je suis heureux de me féliciter, mais j’ai besoin aussi de cette complicité de mes paires, qui comprennent ce que je ressens et à quoi je carbure.

J’ai appris que je vais me faire opérer pour ma fibrillation cardiaque mercredi prochain. On va tenter de rafistoler mon bloc moteur, mon carburateur, ma chambre à combustion comme on ajuste un dérailleur de vélo qui fait défaut. Ça va faire bientôt 2 ans que j’attends après ce moment. Est-ce que cela va fonctionner ? Vais-je pouvoir retrouver tous les moyens d’un cycliste de 65 ans comme je souhaitais l'être ? 

Après qu’on m’eut appelé hier pour m’annoncer la nouvelle, malgré le temps maussade, j’ai enfourché ma bécane pour un 35 kilos roulés au train en solitaire à près de 29 de moyenne. Tiens toé ! Dans pas grand temps, je vais te vaincre. Je serai invincible ! 

Coach BOB la gazelle !
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Aussi un rouleur !
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jeudi 11 avril 2019

Wonderful Losers, ces « Gregarios » du cyclisme

Bonjour tout le monde,

Toujours en attente de mon opération pour ma fibrillation auriculaire, jumelée à un paquet de choses personnelles qui m’empêchent de m’éloigner pour un voyage de vélo au printemps comme j’ai toujours fait, font que je n’ai pas le cœur à la fête. Je ne m’entraîne pas fort, donc la forme n’est pas là et je prie pour que les doux rayons de soleil, qui se font toujours attendre, me permettent un jour de reprendre vie. Le moral est bas.

Heureusement, la lecture de mon vélo Mag (avril 2019) avec les actualités de David Desjardins m’a sorti de cette torpeur du printemps. Voici la chronique qu’il a rédigée sur ce film « Wonderful Losers » qu’on retrouve actuellement sur Vimeo et que je suis allé chercher bien évidemment. En voici la bande annonce.


J’ai retracé également une couple d’articles sur le film que voici et qui décrivent assez bien le film et les émotions que j’ai ressenties en le visionnant. 




Pour ceux qui ont lu mon histoire de vie que j’ai mise en ligne ici récemment, ou pour mes coéquipiers de l’époque, ceux-ci comprendront pourquoi j’ai été épris de ce film malgré quelques critiques sévères de certains auditeurs qui n’ont pas su lire entre les lignes. D’ailleurs, le revoir une 2e fois, suite à la lecture de ces éditoriaux, m’a permis de mieux apprécier les personnages, ces porteurs d’eau du peloton, qu’on n’entend parler presque jamais. En passant, c’est le fun que le réalisateur, Arunas Matelis, un lithuanien, ait choisi parmi tant d’autres coéquipiers Svein Tuft un cycliste canadien que j’ai toujours admiré. Les propos de son coach sur son compte décrivent bien le personnage et l’effet bénéfique qu’il devait avoir sur ses coéquipiers, qui lui ont ben rendu lors d’une course. Un passage émouvant !

Ce film m’a rappelé que je dois regarder en avant, arrêter de me plaindre et ne pas trop m’apitoyer sur mon sort. Cela pourrait être bin pire.

À voir pour les grands amateurs de course à vélo !

Bonne journée

Coach BOB la gazelle !
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Aussi un rouleur !
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vendredi 8 février 2019

Le vélo a sauvé ma vie - Chapitre 12

Si vous n'avez pas lu les premiers chapitre, suivre ce lien

Chapitre 12
Vieillir, pas drôle du tout

Malgré mon retrait de la compétition à l’âge de 35 ans, il y a bientôt 30 ans de cela, j’ai continué de progresser ou à tout le moins de me maintenir je dirais jusqu’à l’âge de 45 ans. On raconte souvent que l’âge est moins un handicap chez les sports d’endurance que chez d’autres disciplines qui nécessitent plus impulsions d’explosivité. Cela a plein de bon sens. Combien de fois me suis-je retrouvé à rouler avec le petit frère de l’un, le gars de l’autre pendant une sortie disons relativement longue, disons supérieure à 85 kilos et à un certain moment, après que le jeune nous ait démontré de belles qualités, bang ! Il frappe un mur.

Il y a moins d’une dizaine d’années, j’ai donc autour de 55 ans, nous nous retrouvons une gang d’amis (e) pour faire le Parc de la Mauricie aller-retour. Pour mes amis étrangers, il s’agit d’une super de belle route sillonnant une zone protégée, un Parc national si vous voulez, sur une distance de 115 kilos avec plus de 2000 m de dénivelé lorsqu’on le fait d’une barrière à l’autre, aller-retour. Comme dans tout parcours offrant une certaine difficulté, c’est sur sa fin ou dans sa 2e moitié qu’un cycliste moins expérimenté ou en moins grande forme éprouvera des difficultés. Une très bonne amie de vélo à moi, beaucoup plus jeune que moi en passant, autour de 30 ans à cette époque, très redoutable et familière avec le parc, m’informe que son ptit frère (27-28 ans) un bon cycliste de vélo de montagne, parait-il se joindra à nous. Il aime faire du vélo de route à l’occasion et selon elle, il saura être de taille avec nous. Depuis le temps qu'elle roule avec nous et qu’elle doit raconter ses sorties en famille, son frère devait bien se douter que cela ne sera pas si facile, même s’il est jeune et en grande forme. Nous partons tous à tranquillement question de se réchauffer. Cela fait un petit bout de temps que certains d’entre nous se sont vus. Alors, c’est donc le moment de mettre notre placotage à jour. Lors des premières montées, toujours de façon raisonnable, il est normal que tout un chacun veuille un peu vérifier comment ses jambes se porteront aujourd’hui. Alors sans que les hostilités soient lancées, il est comme normal de vouloir s’imposer à l’avant et d’imposer un rythme juste assez élevé pour se gonfler les jambes et annoncer ses couleurs. C’est de bonne guerre. Tous les vieux routiers comme moi sommes habitués à cette façon de faire, sauf que le jeune y a vu des attaques qui n’en étaient pas. Plutôt que de rester tranquille et d’observer ce qui se passe, il commit la même erreur que souvent les jeunes sans expérience font. Il s’est mis à répondre à toutes les mines qui furent posées et que nous savions tous éphémères. Quand nous sommes arrivés au 70e kilomètre sur une longue montée que tous appréhendaient au retour, parce que c’est là que çà se passe ordinairement, bien notre cher ami Mathieu a commencé a éprouvé des problèmes. Toujours aussi fébrile et désireux de démontrer qu’il était à la hauteur, il a commencé à creuser le trou de sa tombe. Après quelques chicanes ici et là, les lumières rouges se sont soudainement toutes allumées sur son tableau de bord. Le tempo que nous lui avons imposé dans la montée du Belvédère l’a fait sauter. Pauvre tit-gars, plus rien. La tank est vide. N’ayant sans doute pas mangé et bu suffisamment, il est rentré après nous une bonne quinzaine de minutes après nous en solitaire blanc comme une statue de sel. Un cas patent qu’une saine gestion de l’effort jumelée à la plus de profondeur au niveau de l’endurance chez un vieux renard peut venir à bout d’un jeune fougueux sans expérience.  

On a plusieurs beaux cas d’athlètes au Québec qui, même à la retraite ou en vaquant à d’autres occupations comme travailler disons, demeurent des athlètes d’exception et supérieurs à la moyenne. On dirait que l’âge n’a aucun effet sur eux. Prenons le cas de Pierre Harvey(1)  par exemple, qui rafle tous les succès dans sa catégorie d’âge et encore très souvent chez les beaucoup plus jeunes en compétition de vélo de montagne. Je ne suis pas de la trempe de Pierre Harvey, et loin de mon esprit de me comparer à lui, mais disons que même si Pierre n’est plus l’athlète d’antan, il doit être certainement moins découragé que moi face au vieillissement. 

Je devais avoir une quarantaine d’années je crois bien et je m’étais inscrit sur le circuit provincial de vélo de montagne. Je m’y étais mis comme cela question de changer de beats et je me trouvais pas si mal. J’en arrachais sur les courts circuits plus techniques, mais je me débrouillais assez bien dans les raids. Je me présente à un départ d’une course à Baie-Saint-Paul dans le comté de Charlevoix. Je ne me souviens plus vraiment de la distance à parcourir, mais Pierre, qui est seulement une couple d’années plus jeune que moi y était également. Nous nous connaissions suffisamment pour placoter ensemble et prendre des nouvelles de l’un de l’autre. J’avais commandité durant plusieurs années la Randonnée des Gouverneurs, qui a été probablement la première longue randonnée de vélo caritative au Québec et Pierre Harvey en avait été le président d’honneur et y il participait aussi régulièrement. C’est un peu comme cela que nous nous étions connus.

Une fois le départ canon de la course donné, les départs en vélo de montagne démarrent encore bin plus en fou qu’en route, je m’étais ramassé vite en arrière, je peux vous dire. Au moment que je cherche à élucider comment je vais m’en sortir, Pierre vient à ma hauteur pour me dire…
« Eh salut Robert, tu fais du vélo de montagne maintenant ? C’est bien cela ! »
«  Bien oui Pierre, j’essaye, je ne suis pas vraiment bon, mais cela me change les idées. J’adore cela »
« Ah c’est sûr, c’est un beau sport »
Le temps qu’on a pris pour s’échanger ces quelques mots a suffit pour que je perde de vue le peloton. Pas vraiment à cause de lui bien honnêtement. Je dois avouer que je n’étais pas de taille dans ce genre de course...
« Écoute Pierre je ne veux pas te retarder là. Je ne sais pas ce que tu fou icitte à côté de moi à me jaser de même, mais tu sais que tout le monde est parti là, tu sais qu’on est dans les derniers hein !?
« Oui je le sais Robert. En effet, il est temps que j’y aille. Alors écoute, je te souhaite bonne chance, soit prudent et on se revoit tantôt à l’heure du lunch, çà marche ?
Pierre était reparti comme une balle et avait terminé cette épreuve légèrement en moins de 2 heures dans le peloton de tête avec les prétendants au podium toutes catégories confondues, alors que moi cela m’avait pris un gros 30 minutes de plus !! Alors, vous comprenez pourquoi je ne me prends pas pour lui. Il est dans une classe tout simplement à part.

Toujours est-il qu’en vélo de route, sans être un Pierre Harvey ou un athlète de haut niveau, je réussissais à bien tirer mon épingle du jeu quand j’étais dans une bonne journée. Je ne faisais plus de compétitions, mais quand je faisais une sortie avec des amis ou avec qui que ce soit, je ne donnais pas ma peau facilement. Heureusement, quand cela ne se déroulait pas toujours comme je le souhaitais, je réussissais à remettre les choses en justes perspectives, et je réussissais à me pardonner d’avoir été distancé par untel ou par tel autre.

J’ai quand même trouvé très difficile à un certain moment d’accepter que mes beaux jours étaient derrière moi et que je m’engageais dans une pente descendante. Je sais bien que plusieurs diront qu’avec un bon programme d’entrainement, en faisant ceci ou cela, etc., qu’il est possible de repousser le temps. Mais vous savez, j’approche les 65 ans plus que les 50 et c’est à partir de 55 que la pente se fait sentir plus clairement ! Ça fait qu’on repassera pour les remontrances mes chers amis.

Il n’en demeure pas moins, qu’on soit un Pierre Harvey ou Robert Harmegnies (2), nous ferons tous face un jour à ce malheureux constat. Un gars comme Pierre pourra sourire encore longtemps pour les raisons qu’on connait, mais pour un gars comme moi, c’est dur. C’est très dur moralement de voir de plus en plus de monde te dépasser, de n’y même pouvoir s’y accrocher. Oui je sais, je suis encore capable d’en faire baver chez des hommes et femmes de mon âge, mais plus de façon aussi évidente qu’autrefois. 

Comprenez-moi, quand j’avais une quarantaine d’années et que je sortais de mon chez-moi pour un entrainement, çà me prenait un compétiteur de mon époque ou un Pierre Harvey pour que mon mental s’avoue vaincu et qu’il accepte que ses jambes ne puissent plus suivre ! Vous savez cette zone où vous êtes crispé de douleurs, votre cœur bat à un rythme de fou, il ne peut plus monter, battre plus vite, garder ce rythme encore un bout de temps compte tenu de l’aisance de votre adversaire vous semble impossible, puis soudainement, vos jambes vous abandonnent, tellement lourdes qu’elles ne peuvent plus tourner les pédales comme vous voudriez. Et là vous abandonnez. Vous relevez le tronc désespérément et vous vous mettez à respirer comme si vous veniez de sortir rapidement la tête de l’eau après avoir pris un bon bouillon ! 

Aujourd’hui, ce n’est plus rare. C’est fréquent. Trop souvent même. Et pourtant, je n’ai pas l’impression de mal rouler. Je me sens pourtant bien, en possession de mes moyens. Le feeling sur mon vélo est bon aussi, mais à un moment donné, je me sens comme un autobus scolaire qu’on a barré la vitesse à 90km/h. Quoi que je fasse, je ne suis plus capable de maintenir un certain pace ou de monter une côte à une vitesse que j’ai faite des centaines et des centaines de fois.

Le plus dure dans tout cela, et plusieurs d’entre vous me comprendront, c’est que ton corps vieillit nettement plus vite que ta tête, ton état d’esprit. Croyez-vous vraiment que j’ai une tête de 65 ans moi ?!? Quand j’embarque sur ma bécane tout fébrile comme un cheval sauvage emprisonné dans son box avant le départ, quel âge croyez-vous que j’ai ? Quand je me lance en bas des cols pour être dans le top 10 des hommes de mon Âge sachant qu’il y a une gang de vieux pros là-dedans, pensez-vous que j’ai une tête de mon âge ? Je suis comme tous les autres fous de mon âge qui font la même affaire. On n’en a tout simplement pas de tête ! On est des éternels enfants qui aiment le jeu et le risque. Il faut défier les limites. Je ne suis pas délinquant pour rien et je n’ai pas travaillé avec eux aussi pour rien. C’est cela que je trouve le plus dur dans le vieillissement. Pas qu’on veille m’ouvrir les portes de magasin quand je m’y présente, mais de me sentir fougueux, orgueilleux, compétitif dans ma tête comme quand j’étais plus jeune, mais que le corps ne soit plus capable de répondre à mes aspirations. C’est quasiment aussi pire que de ne pas bander ciboire !

Mais si ce n’était que de l’âge. Ces dernières années, ce sont des problèmes de santé qui sont venus m’ennuyer. Il y a trois ans j’étais rendu maigre comme une échalote et faible pas croyable. Même mes amis n’osaient pas me le dire de crainte de me vexer. J’avais définitivement quelque chose qui n’allait pas. Comme on dit par ici, j’étais toujours « sa bol »  ! J’ai fini par consulter et ma médecin de famille m’a référé à une gastro-entérologue qui m’a diagnostiqué la maladie cœliaque, vous savez les gens intolérants au gluten. Je me disais, cela peut-il vraiment être à cause de cela ? Plus de pain, pâtisseries, pâtes alimentaires, dessert, etc., tout ce qui contient blé, avoine, orge et seigle. CALAVAIRE, me suis-je dit, que vais-je pouvoir manger cimonac ?
«  Ah ne vous en faites pas monsieur Harmegnies. Je vais vous référer à une diététicienne et vous allez voir. Il y a beaucoup de produits de substitution maintenant dans les épiceries ou magasins naturels spécialisés. Ce ne sera pas si pire que cela, vous verrez »
C’était en décembre 2016 cela. Vais-je être prêt pour mon voyage de vélo au printemps prochain ?
«  Ne vous en faites pas. Si vous suivez le régime comme il faut, votre intestin devrait avoir le temps de se replacer un peu et je ne serais pas surprise que vous soyez même plus fort que le printemps passé. Mais je vous le dis tout de suite, vous en avez pour un bon 2 ans avant de vous refaire une flore intestinale correcte et que vous puissiez assimiler tous vos nutriments. »
Plus fort que le printemps passé !! Non, mais êtes-vous folle docteur ? Et bien elle avait raison la petite docteur. Je l’appelle la petite, parce qu’elle était si belle et si jeune, que… Si j’avais été célibataire, je suis à peu près certain que je lui aurais demandé si elle ne faisait pas de visites à domicile. 

Je suis finalement arrivé au printemps 2017 15 livres plus lourds à mon poids santé autour de 157 lb avant le début de saison, la testostérone dans le plafond, puis ma blonde ne s’en est pas plaint. Je venais de rajeunir de 3 ans. Tout l’été, je battais tous mes segments Stava de vélo des deux dernières années et il m’arrivait de battre des résultats qui dataient de plus longtemps que cela. Le vrai bonheur. J’étais redevenu tout excité à chaque fois que je prenais mon bike. Je me suis senti invincible tout l’été. Un oiseau passait sur le chemin que je cherchais à le dépasser.

Une fois la saison terminée vers la mi-octobre, je décide de prendre un break, j’ai toujours fait cela moi arrêter presque complètement à cette période de l’année. De toute façon, je suis hyper occupé à l’ouvrage et souvent je n’ai pas le temps de ne rien faire d’autre. Je travaille 7 jours par semaine à raison de 8/10 heures par jour. Au début décembre, en même temps qu’une dispute avec ma blonde, je suis un peu stressé au travail avec tout ce qui se passe, je me dis qu’il est temps de m’y remettre. Cela va t’aider mon homme. Ça va te calmer ! Il est vraiment temps que tu recommences t’entrainer avant de virer dingue. 

Après ma première journée au gym, le soir avant de me coucher, j’ai le cœur qui se met à battre très vite curieusement et je me dis « bin voyons donc, c’est quoi cette histoire-là » !! Je me couche. J’essaie de dormir. Le lendemain, je me réveille pas si pire, mais durant la nuit qui suit et l’autre d’après, ça se remet à repartir staffaire là à un rythme d’enfer à part cela. Par curiosité, j’amène mon senseur cardiaque à ma séance de gym et avant même d’embarquer sur mon stationnaire au réchauffement, ma montre m’indique que je suis à 175 !!! Bon, je me dis que c’est le senseur qui tarde à bien prendre mon pouls. Cela arrivait des fois qu’il est comme fucké avant. J’ai une vieille montre je me dis, va falloir que je la change. J’embarque sur mon vélo et soudainement je me sens le poitrail battre comme un tambour. Ma montre indique 220 !! Là ça ne va pas me suis-je dis. À douche mon homme. Ta journée est finie. À maison comme on dit !

Je réussis à avoir un rendez-vous avec un médecin dès le lendemain matin qui me dit au premier déplacement de son stéthoscope sur le poitrail. 
« Monsieur Harmegnies, vous sentez-vous suffisamment bien pour conduire votre voiture ? »
«  Bien sûr docteur, pourquoi faire vous me demandez cela ? »
«  Ça ne va pas votre affaire. Vous allez aller à l’hôpital de cardiologie de Laval et je vais vous annoncer pendant que vous allez vous y rendre. Je ne peux le garantir, mais vous faites de l’arythmie, de la fibrillation ou quelque chose du genre. »
Aussitôt que je donne mon nom à la réception, oui monsieur on vous attendait. Donnez-nous votre carte d’assurance maladie et rendez-vous immédiatement à la porte # 4. Bin Calice, on me rentre d’urgence. On me fait une cardioversion cardiaque  et on me donne mon congé qu’en fin de journée avec un suivi dans un mois. Il est possible que tout se replace et que tout revienne en ordre tout seul. Toujours est-il que ce traitement n’a rien donné. À mon prochain RV, le doc m’annonce qu’il ne me reste que la médication pour reprendre une vie normale. Que je doive prendre des bêtabloquants, des médicaments qui empêchent le cœur de battre trop vite et irrégulièrement, sans compter un autre pour diluer le sang pour éviter qu’un caillot de sang soit propulsé quelque part en cas de récidive (AVC). NON, MAIS AVAIS-JE BESOIN DE CELA, MOI ÇA… ? MOI, QUI RECOMMENÇAIT À VIVRE ?

Mais c’est quoi cette médication-là de merde ? Mon cœur est topé à 100. Rien à faire. Quoique je fasse, impossible de monter plus haut ! Bien voyons, c’est quoi cette affaire-là ? Une médication pour quelqu’un qui ne fait que pitonner sa TV cela ! Ce n’est pas fait pour moi cela !
«  Eh docteur, je suis un athlète moi. Faut que vous trouviez autre chose. Je ne suis même pas capable de monter au-dessus de 100 de rythme cardiaque. Je ne vous ai pas demandé de mourir d’essoufflement sur un orgasme, surtout que j’ai une marathonienne en la matière si vous voyez ce que je veux dire…. Il faut que vous me donniez autre chose »
Alors de fil en aiguille, on en est arrivé à trouver quelque chose qui me permette de monter à 145. Quant à l’entrainement, j’atteins ce maximum, je me sens comme autrefois quand j’étais dans le piton à 175 ! Un autre deuil à faire cimonac. Non, mais en plus de vieillir, voilà que j’ai le cœur qui me fait des siennes. On m’explique que c’est une maladie cardiaque sans trop de conséquences, en fait qu’elle ne me met pas en danger comme les gens aux prises avec des problèmes coronariens, vous savez ceux qui ont les tuyaux bouchés. Que cela se contrôle bien et à la limite, qu’on peut opérer. Pour me faire avaler le morceau, on me dit que c’est une maladie ayant une forte incidence chez les athlètes d’endurance et qu’on la diagnostique abondamment chez les skieurs de fond norvégien, parait-il. Non, mais batinse, je m’en christ-tu moi des skieurs norvégiens, c’est de leur cœur en santé moi que j’ai besoin et non de leurs maudits cœurs malades.
« Dites-moi docteur, vais-je avoir le temps de me remettre en forme pour le printemps prochain en faisant de la fibrillation auriculaire de même ? Je dois repartir en Espagne pour un camp d’entrainement »
« Oui monsieur Harmegnies, nous le savons, vous nous en aviez glissé mots, mais si vous pouvez remonter à 145 c’est toujours bien cela de parti n’est-ce pas ? Mais il est certain que vous devrez faire attention. Quand vous me parlez de cols ou d’entrainement en montagnes accotés dans le tapis comme vous dites, je vous conseillerais d’être prudent. À l’effort, vous êtes en insuffisance cardiaque vous savez »
Être prudent ! Il est drôle lui ! Vous souvenez-vous vous quand la dernière fois que moi j’ai été prudent, moi ? Non ! Et là, je vais devoir l’être.

Je suis reparti chez moi la binette bien découragée et je me suis remis à remettre mon cœur en forme autour de 140. C’est ce qu’un kinésiologie m’a dit. Pas le choix mon bob. Ton chien est mort !

Je me suis retrouvé à 15 jours de mon départ non assurable avec ma compagnie d’assurance, parce que j’avais connu des changements dans mon cocktail de pilules depuis moins de 3 mois, alors j’ai dû débourser fiou, pas moins de 500 $ pour une assurance deux semaines hors du Canada avec une compagnie de second ordre.

Seulement dans ma première semaine de voyage, je suis reparti en fibrillation à 3 reprises alors que rien ne s’était produit quelques mois avant de partir. Je ne faisais que sentir un bouchon de vin le soir au souper avec Line et mes amis qui carburaient au « Priorat et Rioja », ce qui ne m’était pas recommandé parce qu’il s’agit d’un excitant, ou si je me levais la nuit brusquement pour aller à la salle de bain, mon cœur lui se mettait à s’emballer ! Ehhhh, j’ai une sortie moi demain matin avec des amis, calme-toi mon cœur, ne m’abandonne pas icitte !! Je prenais des grandes respirations comme la littérature me disait de faire, puis à 6 h du matin tant bien que mal, je prenais ma médication et après le déjeuner 1 heure plus tard vers les 7 h 30, quoi 1 heure et demie avant mon départ pour encadrer un groupe de cyclistes en camps avec un grossiste en voyage…
« Hein Line ! Mon cœur vient de se restabiliser. Je suis prêt à partir. Attends-moi. Je me fais un sandwiche et on part. »
Il a fallu que je ne prenne plus aucune boisson et café du voyage et j’ai réussi à m’en tirer de la sorte. À 1 heure ou 2 de délais, mon cœur me disait. OK Bob, tu peux y aller et je partais.

Curieusement, après mon voyage, une fois revenu vivant à la maison, en maintenant toujours le même régime, bien presque parce que j’ai recommencé à prendre un peu de vin et de bière sans gluten quand même, mon cœur ne s’est réemballé qu’une seule autre fois. Pas pire hein ?

Au moment que je vous parle, ma saison est terminée, je n’ai fait que 6 000 kilos, je me suis amusé tout l’été tant bien que mal à 80 % de mon régime, et pour mal faire maudit viarge, j’ai poigné un zona facial qui m’a mis sur le dos pour trois semaines et là, je suis en attente d’une opération qui a 75 % des chances de donner d’excellents résultats. J’ai quelques amis qui sont passés par là qui se sont fait faire la même opération et ils ne s’en portent que mieux.

C’est là que j’en suis. Après toutes ces années, il commence à y avoir de l’eau dans le gaz. Ma cylindrée a des ratés, je roule sur 3 pistons. Je suis malheureux et surtout très inquiet de mon avenir. Je n’ai jamais vécu ou fait quoique ce soit à demi-mesure ou sans être en pleine possession de mes moyens. Toute ma vie, il en a été ainsi. Au fond la caisse. Oui j’ai été blessé déjà et plusieurs fois d’ailleurs, vous savez ce genre de bobos où il faut faire une pause en attendant de rebondir. Je ne me suis jamais vraiment préoccupé de cela. Le physio, le médecin me disait, c’est une question de temps. Un peu comme un rhume, t’en a pour dix jours, un steak sur une fesse, un bon trois semaines un mois, les pires blessures sont les élongations musculaires ou un claquage, là c’est vrai tu es mieux de ralentir et de ne pas trop solliciter ton muscle, mais tu sais que tout va éventuellement se replacer et que tu vas repartir au fond la caisse.

Vous avez raison. Il y a des gens qui affrontent des imprévus bien pires que ma situation. Les vrais cardiaques par exemple qui reviennent d’un pontage ou d’une transplantation. Ma blonde qui se bat contre un cancer du sein, avec mastectomie  totale. On vit avec une épée de Damoclès au-dessus de notre tête. Un dur accident d’automobile ou être happé sévèrement par un texto conducteur automobile. On ne sait jamais…

Je dois revenir dans des prédispositions plus optimistes. Ma vieille mère approche le centenaire et elle a vécu toute sa vie en pleine santé. C’est d’ailleurs ce qui m’effraie d’ailleurs. S’il faut que je vive si vieux, vais-je réussir à me donner une belle qualité de vie ? Mon conseiller financier m’a dit qu’il fallait que je continue à travailler le plus longtemps possible si je désirais continuer à mettre du beurre sur mes toasts avec une telle espérance de vie.

Récemment ma grande copine Geneviève a mis sur sa page une vidéo d’un dénommé Robert Marchand qui, à 106 ans a réussi faire l’Achédoise une cyclo en France. Il y a aussi son grand copain Dédé Petipas, champion de France amateur dans sa catégorie qu’elle m’a fait connaître au Pro tour de Québec alors qu’ils étaient en vacances en Amérique. Ces exploits me font rêver, encore plus, je les envie de pouvoir vivre encore leurs passions de la sorte. 
Dédé et moi sur la droite avec la calotte

J’espère donc pouvoir faire de même. Je prends conscience que le vélo fut toute ma vie de son époque moderne et c’est ce qui me rend heureux, qui me garde en vie. Faut que je m’accroche. 

Il est 9 h 30 du matin un samedi de novembre. L’hiver est arrivé tôt cette année. Il neige à plein ciel. La saison de ski de fond et alpin est déjà commencée. Du jamais vu depuis des lunes. Mon équipement n’est pas encore sorti du cabanon. Line en convalescence est replongée dans son travail et moi je vais aller au gym en attente d’un coup de fil pour mon opération que j’attends toujours.

Docteur, vais-je pouvoir être fin prêt pour le printemps prochain ?

J’ai rêvé la nuit dernière qu’il m’avait répondu…
« Monsieur Harmegnies, l’opération a été une réussite. Votre condition physique nous a grandement facilité la tâche et nous croyons que vous serez bon encore pour bon 25 ans. »
***
(Fin)

(1) Pierre Harvey (1957) est un sportif québécois, qui a pratiqué le cyclisme sur route et le ski de fond. En cyclisme il a participé à 3 olympiades — Montréal en 1976, Los Angeles en 1984 — dans l’épreuve du 100 km par équipe et enfin Calgary en Jeux olympiques d’hiver de 1988. En 1976, il termine 24e de l’épreuve en ligne et en 1984, il tire pendant presque toute la course le Canadien Steve Bauer qui finira deuxième à la toute dernière seconde. En ski de fond, il gagne une manche de coupe du monde en 1988 et réalise d’excellents jeux à Calgary en 1988, ce qui lui vaut de figurer au Temple de la renommée du sport canadien.
(2)  Avez-vous remarqué que je n’ai pas dit « un » Robert Harmegnies ? C’est parce qu’il y en a sans doute plusieurs.

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Note de l'auteur

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vendredi 1 février 2019

Le vélo a sauvé ma vie - Chapitre 11

Si vous n'avez pas lu les premiers chapitre, suivre ce lien

Chapitre 11
Mes deux destinations préférées

Malgré mon grand amour pour le vélo, j’ai toujours été un peu en retard sur à peu près tout, dans pas mal d’affaires bien honnêtement. Je me suis me procuré des cadres de vélo en alliage beaucoup plus tard que mes amis, d’autres équipements comme un GPS ou autres bébelles par exemple, et ce fut le cas aussi pour les camps d’entrainement printaniers. Je ne parle pas de ceux que j’ai faits à maintes reprises en Virginie ou dans les Carolines. Non, je vous parle de ceux où il faut prendre l’avion pour réellement se dépayser. Et encore là, je ne fais pas partie de ceux qui ont beaucoup voyagé. Je suis allé en Arizona à 4 ou cinq reprises, en Provence (France) une fois, puis en Espagne ces 4 dernières années où j’y ai établi mes quartiers généraux. Autrefois, c’était moins courant d’aller faire du vélo d’entrainement outre-mer et de toute façon, j’étais plus serré financièrement. De plus, les travailles que j’ai occupés, incluant celui à mon compte depuis plus de 15 ans, m’ont toujours empêché de m’éloigner de mon travail très longtemps, quoique depuis une dizaine d’années, j’ai réussi à me libérer une couple de semaines à la fin du mois d’avril. Cela adonne bien, c’est la meilleure période de l’année pour se remettre en jambes.

Ces voyages à l’extérieur avec des bons amis (e) et ma blonde ces dernières années sont un cadeau de la vie. Les planifier, choisir les itinéraires, les dates et les amis (e) qui t’accompagneront font partie du « trip ». Sans compter que cela te motive à retourner au gym et à bien te préparer. On devient tout excité comme un enfant qui compte les jours avant l’arrivée du père Noël.

Et comme j’aime la sécurité, j’ai assez vécu d’insécurité dans ma vie, que j’aime bien être en pays de connaissance. Alors, je m’attache à une région, à une ville. En tout cas, ce n’est certainement pas lors de ma première visite que je découvre tous les cachets d’une destination. 

Saguaro National Park

Mon premier vrai dépaysement fut sous l’invitation de mon grand chum Alain, vous vous rappelez, mon leader de club de compétition, pour aller à Tucson en Arizona, le port d’attache des US Postal autrefois avec Lance Armstrong et de bien d’autres équipes cyclistes qui y passaient une bonne partie de l’hiver. C’était très attrayant d’aller s’entraîner sur le même terrain de son idole, bien jusqu’à ce qu’il se fasse prendre dans le pire scandale pour dopage. À partir de là, je l’ai chassé de mon esprit à jamais. Enfin, je ne pouvais pas trouver meilleur guide que Alain pour aller là. Il s’y entraînait depuis des années bien avant de m’y inviter et il y retournait jusqu’à l’an dernier au moins 2 ou 3 mois en fin d’hiver pour préparer son début de saison de triathlon, plutôt d’Ironman. Il connait ce coin de pays comme le fond de sa poche. Sans GPS, ni carte papier, pas très techno mon chum, seulement à regarder les montagnes ou le nom des boulevards, il sait où nous sommes et par où il faut passer. Du Soleil garanti mur à mur. Aucun nuage ou presque pendant 15 jours. Une averse durant 5 ans, vous vous imaginez. Tu regardes la météo uniquement pour savoir à quelle heure il faudra que tu sois revenu à cause de la chaleur. Tu pars le matin à 9 h en manchette, c’est frisquet un peu autour de 14,15C et il faut que tu sois revenu avant 15 h l’après-midi. Au Zénith le printemps, parce que c’est le printemps là-bas aussi, la température monte facilement autour de 38 40 à 16 h.
40 C en PM

Par chance, c’est sec, mais faut être prudent, le soleil est traître et il ne faut surtout pas se déshydrater. Quand nous descendions à Green Valley par Mission Road en plein désert, aucun point d’eau sur 70 kilos, pas une voiture, avec les animaux de proie qui te tournent autour, cela te fait comprendre la vie des Cheyennes à l’arrivée des premiers blancs comme dans les bons vieux westerns. 
Approche Gate Pass


Des parcours qui s’incrustent dans ta mémoire à jamais. Le petit Saguaro National Park, Gate Pass, McCain Loop, Kinnye road, toutes des petites routes qui sillonnent le désert, qu’on fait et refait sans se lasser. Puis il y a le Mont Lemmon comme défi qu’on fera toujours à deux reprises. Le premier jeudi de la première semaine en acclimatation, pour vérifier où on en est dans sa forme, et le 2e jeudi de mon séjour, chacun pour soi au fond la caisse, en contre la montre. Plus question d’arrêter prendre des photos.



Mont Lemmon sommet

Vue en plongée ascension











Le mont Lemmon est une superbe ascension de 44 kilomètres à 2 890 m (9 000 pieds) à 4 à 5 % de moyenne, si tu te rends jusqu’aux antennes météorologiques en haut du centre de ski. Jamais au grand jamais, je n’avais ressenti autant de fierté avant de gravir de telles ascensions. Vous vous imaginez 44 kilos en ascension tout en traversant 3 environnements géographiques. Tu pars en zone désertique en bas, avec cactus et sol rocailleux jaunâtre, etc., puis à mi- montagne tu arrives en zones de grands conifères et leurs odeurs, cela nous dit quelque chose, et lors des derniers kilomètres, le tout se change en végétation de toundra, avec de plus petits arbustes et mousses au sol. Comment ai-je pu attendre si longtemps je me disais. 
Centre de ski 2011 mi avril encore enneigé

Toutes ces années quand j’étais plus jeune, où je me serais amusé à battre des records. Après avoir atteint le plus haut sommet, contemplé le paysage, nous redescendions en bas du centre de ski à Summerheaven, le village du haut de la montagne, et irons au Cookie’s House, un petit resto hyper sympa tenus par une couple de bonnes femmes à tablier, qui faisaient les amis de gigantesques biscuits à l’avoine et au chocolat. Une pointe de pizz, un gros Coke, un café et on se faisait dorloter par un soleil de plomb en haute altitude à 14 C sur la terrasse. C’est le moment de se remémorer nos meilleurs moments de notre montée. Quand t’ai-je perdu de vue, comment je me suis senti à Windy Point (mie-montagne), les changements dans la végétation qui servent de repères, etc.  Rien ne presse lors de la journée de l’ascension du Mont Lemmon, il n’y a rien d’autre au programme dans la journée, sauf de le redescendre à vive allure et rentrer en ville deux par deux sur le petit plateau jusqu’à notre Starbucks préféré.



On demeure tout juste à côté de l’université d’Arizona. Un immense campus super moderne. Les étudiants sont en examen de fin d’année ou au début du trimestre d’été. Tous les pubs et terrasses de notre quartier sont pleins de jeunes et tellement beaux à part cela. Fiou!! Bien difficile de ne pas contempler toutes ces petites étudiantes en jupes et culottes courtes toutes plus jolies les unes que les autres, à travailler en équipe aux terrasses avec leur portable. Sans compter toutes celles plus sportives enfourchant en jeans effiloché au ras en fix gear orange fluo monté en Mavic ou sur leur vélo de ville pour se déplacer tout en lançant un sourire foudroyant à tous les mecs qui prennent leur pression au bar du coin. Je n’oublierai jamais mon chum Denis, un grand gaillard de 6 pieds 1, 185 lb qui, en traversant la rue vers notre terrasse préférée devant cette jungle de monde, a glissé sur la voie ferrée du vieux tramway de la ville. 

En une fraction de seconde, sans avoir ni même eu le temps de se protéger, BANG à terre lourdement de tout son long. Il avait été si gêné, qu’il s’était relevé debout avant que les roues de son vélo aient fini de tourner dans le vide. Si vous aviez entendu les acclamations cris et applaudissements sur les terrasses. Si vous aviez vu la face du gars!! « Calice de tabernacle de Ci …d’Os .. de… tous les Saints et objets sacrés de l’hôtel sont sortis de sa bouche instantanément. Même les Américains ont été en mesure d’en faire la traduction. S’ils n’avaient jamais entendu un Québécois blasphémer, ils se sont vite aperçus que « God Dam » est de la petite bière à côté de nos jurons. On en a ri des années de temps avec la promesse de n’en parler à personne. On s’installe sous un arbre de la terrasse du Starbucks et on déguste notre Frappuchino à 5 $US, notre récompense de la journée.

Dégustation nourriture indienne, St-Xavier
Tucson les amis, c’est cela. Oubliez le charme et le calme de la Catalogne avec ses montagnes de verdure et ses petits villages pittoresques en fleurs. Vous êtes dans le Sud des States, le pays des King Cab avec la winchester accrochée dans la fenêtre arrière. Une Population majoritairement blanche à 45 %, mais avec 43 % d’Hispaniques, principalement du Mexique vous comprendrez.
Marché aux puces 

Il ne reste plus qu’un faible 2 % d’Indiens, les pauvres malheureux. Au menu, steak, tacos, tortillas, feijoadas i Pimento. Le pays des mâles macho. Juste pour vous donner une idée de la culture des armes aux USA, une organisation sans but lucratif luttant contre la violence faite aux femmes a fait une levée de fonds pour offrir aux femmes monoparentales des quartiers pauvres de Tucson une arme à feu et un sticker à mettre sur leur clôture ou sur le porche de leur maison « Be careful armed women». Pas « attention chien dangereux » non non « Faire attention femme armée!! » Imaginez de quoi nous avions l’air mon chum et moi, lorsqu’on se prenait en photo dans un Safeway devant un display multicolore de Pimentos parce que Denis n’en revenait tout simplement pas de la diversité et de l’abondance ici ? Deux grands fifi!! 


La piqure était donnée. Ma grande amie cycliste Geneviève, d’origine française, qui va chaque année visiter sa famille et faire des voyages de vélo un peu partout en Europe, me dit un matin…

« Dis donc Bob, pour quoi ne viendriez-vous pas toi et Line en Espagne le printemps prochain ? Je connais une place, un tout inclue en Catalogne près de Tossa de Mar. Nous y serons de telle date à telle date. Ce serait bien, François et moi pourrions vous servir de guides »
Vue du haut Col de Els Angels
Aussitôt dit aussitôt réservée. Me voilà partie pour mon premier voyage de vélo en Europe et pas n’importe où. La culture du vélo et le respect des cyclistes en Espagne est tellement fort, que mon esprit n’en est jamais revenu. Gravir des sommets sans se soucier du trafic à l’arrière qui attend juste le prochain bout droit pour te dépasser complètement de l’extérieur comme si nous étions des voitures. Tout simplement incroyable. Ce seul aspect vaut le voyage à lui seul. Ici au Québec, en Amérique du Nord, nous sommes probablement le pire endroit au monde pour les cyclistes. On se fait klaxonner après et si on tarde à se tasser un peu, on se fait invectiver ou tasser dans le clos pour nous faire comprendre que nous n’avons pas d’affaire-là ! Nous avions croisé quelques cyclistes espagnols qui avaient bien voulu nous conduire à un croisement de chemin que nous cherchions. Nous devions traverser quelques petites villes dans les terres et à titre de dernier de file, j’avais averti la venue de voitures à l’arrière. Nous étions en montée en plein milieu d’un petit village sur une route étroite et le Catalan m’avait baragouiné en mi- Anglais/Catalan « Eh le canadien, les voitures nous passeront quand ils auront le champ libre, capich ? »

Quelques jours plus tard sur la Costa Brava où les touristes à voiture sont nombreux, j’avais signalé de la main à des voitures de me dépasser pendant que j’étais en montée sur la droite de la voie. J’étais gêné de tout retarder ce trafic à l’arrière, qui patientait sans dire mot. ERREUR. Quelques voitures m’ont dépassé à ma demande et lorsqu’elles sont arrivées en retard pour se rabattre sur la droite au prochain virage, encore dans la voie de gauche, un cycliste en descente en sens inverse a failli se faire frapper. C’est le mécano de l’hôtel qui m’avait dit ne jamais refaire cela. Que les voitures ne dépassent que si la voie est libre selon eux et de ne pas trop se tasser sur l’accotement, de prendre la voie qui nous revient!! C’est à eux de prendre le risque et non à moi de le proposer. Esperem i no et preocupis! Tu parles d’une autre culture toi, d’une autre façon de faire.

Nous nous sommes installés les années suivantes à Gérone, ville ancienne et médiévale. On voulait être un peu plus à l’intérieur des terres à l’abri des vents de bord de mer pas très loin des Pyrénées françaises. Ce ne sont pas les cols mythiques du tour, mais Gérone offre un magnifique terrain de jeu au travers de superbes campagnes avec de belles montées s’étirant sur plus de 20 kilos à certains endroits. La nature au printemps est verdoyante et fleurie contrairement à plus au sud où c’est plus aride, rocailleux et jaunâtre.

C’est plus frais et risqué au niveau température qu’en Arizona, mais tellement plus plaisant à rouler. Si j’ai pu me familiariser aux longues descentes du Mont Lemmon, ici les descentes sont beaucoup trop étroites et sinueuses, de sorte que tu n’as pas droit à l’erreur. Ta ligne de pente doit d’être parfaite si tu aimes la vitesse. Sinon t’es out ! Il m’est arrivé une couple de fois d’être déporté et heureusement sans conséquence fâcheuse. Une première fois, je suis arrivé trop vite dans un virage qui s’est avéré plus prononcé que je l’avais cru. Malgré mon freinage avant le virage, je n’ai pu le prendre et je me suis ramassé de l’autre côté dans la garnotte près du précipice. Une erreur de débutant. Il n’y a pas de garde-fou sur ces petites routes, seulement de grosses pierres de granit espacées sur le haut de la falaise. Tu as affaire à ne pas passer tout droit en vélo. Une seconde fois, dans des circonstances similaires, j’ai pu éviter une voiture en sens inverse. Ça fait réfléchir et tu t’assures que cela ne se reproduise plus. Question de vie ou de mort posée trop tard pour moi quant à moi.


Rouler sur ces terrains en Espagne, c’est comme jouer un match de hockey au Centre Bell pour un petit kid. Tu roules sur des routes que les pros ont empruntées à maintes reprises. Une année, alors que je montais El’s Engel 34 x 21 à bloc, à la recherche d’un bon temps pour mes archives, deux coureurs de Garmin m’avaient dépassé tout en placotant sur la grosse « plate ». Cela avait l’air si facile. Tu as beau essayer, cela ne dure que quelques secondes. Tu t’aperçois vite que tu n’as pas la puissance de ces jeunes pros. Des fois je me dis, mais comment se fait-il Bob, gros comme tu es, que tu ne sois pas capable de mettre autant de braquets et monter ton steak en haut avec autant d’aisance ? L’an dernier, Line et moi revenions de Les planes d’Hostoles vers Gérone et j’avais repéré un col de 9 kilomètres à 7,1 % de moyenne que nous avions raté l’année d’avant et qui montait vers le sommet de Sant-Marti de Sacalm.
Col de San Hilari (2018)

On racontait sur Internet qu’il était roulé fréquemment par des pros en raison de sa régularité dans la montée, mais aussi pour la vue qu’il offrait sur les Pyrénées. On s’était entendu de ne pas s’attendre. Même que Line appréhendait un peu cette montée et m’avait dit «  Vas-y Robert, tu me reprendras en descendant. Pas sûr que je vais tout monter ». Nous en étions qu’à notre 2e journée après tout. En montant, un type me dépasse comme une fusée. Je ne m’en formalise pas et ne me sens pas complexé pour deux cennes ! Pourquoi le serais-je avec ces jeunes costauds, bien rasés. Seulement à le voir aller, je vois tout de suite qu’il est en mission. D’ailleurs pas longtemps après, je le revois sur sa descente. Intérieurement, je me dis, « Bon ! Je vais bientôt arriver, j’imagine… » D’ailleurs au travers les feuillages sur ma droite, je vois tous les sommets enneigés des Pyrénées. Que c’est beau me suis-je dit. À chaque fois que je monte un col maintenant, il n’y a pas de mots pour décrire cette sensation ressentie à la vue de cette route impeccable, qui monte et monte en lacet sur des kilos et des kilos. Alterner de ma position assise à en danseuse aux 2 minutes, question de me délier les jambes, replacer ma respiration, avant de surmonter une forte inclinaison en sortie de virage, toujours prévoir d’avance comment on devra gérer la prochaine difficulté le regard crispé d’effort, te disant intérieurement de ne pas lâcher. À un moment donné, je vois une balise m’indiquant « Dernier kilomètre (8,1 %) ». Enfin me suis-je dit ! Je commençais à en avoir mon tas. Au moment que je me ressaisis pour sortir de ma torpeur pour attaquer le dernier droit, voilà que le jeune qui m’avait dépassé en montant me dépasse à nouveau ! Ah bin ciboire ! Là cette fois-ci, j’avoue qu’il m’a fait chier pas mal celui-là. 2 fois en haut le jeune sur mon ascension.


Fierté ascension Col Rocacorba
Si cela peut paraître un peu insensé de souffrir de la sorte pendant une demi-heure, voire une heure et plus à gravir un col, c’est dans la descente que tout prend son sens. Il y a quelques années, nous étions quelques copains ayant monté ensemble le Col de Sant Hilari, une douce montée de 23 kilos, mais qui bascule avec plus d’inclinaison de l’autre côté par GI-551 vers Sant Miguel. Si mes amis doivent parfois m’attendre un peu au sommet, étant le plus vieux de la gang, je me fais toujours un plaisir de les entrainer dans mon sillage en descente. Accompagné de la sorte, tu te dis que s’il t’arrive quelque chose, au moins tu auras du secours. C’est bête à dire, mais c’est comme cela. Un peu comme en ski alpin hors-piste. Préférable d’être plusieurs et de s’attendre en cas de chute ou accidents graves. Puis, il y aura au moins des témoins à ton service qui pourront dire que j’ai été heureux jusqu’au dernier moment.

L’hystérie était à son comble lorsque nous étions arrivés en bas. Une descente qui avait nécessité beaucoup de concentration. Comme je vous l’ai dit tout à l’heure, la moindre erreur peut être fatale. Des virages en épingle à tous les 200 M, juste assez long entre chaque pour n’avoir que le temps de relever son bicycle en sortie de virage pour le rebasculer de l’autre côté pour se lancer dans la prochaine courbe. WoW ! Et que dire des enchainements serrés de virages presque à 180 degrés qu’on prend de l’extérieur vers l’intérieur puisque du regard au travers la végétation, tu t’es assuré qu’aucune voiture ne monte. C’est lors de ces descentes que je peux voir jusqu’à quel point mes amis maitrisent leur vélo, adoptent la bonne position devrais-je plutôt dire, pour rebondir en sortie de virage ou pour demeurer stable en recherche de vitesse en ligne droite. Je dis toujours au gars de bien vérifier leur équipement avant ces journées épiques; pneumatique, freins, jeux de direction, quick release des roues, etc. 

Nos entrées et sorties de Gérone sont toujours un peu compliquées pour des Nord-Américains comme nous. Non pas qu’on perde notre chemin ou notre sens de l’orientation, mais pour se débrouiller au travers les nombreux carrefours giratoires que nous devons gérer. Nous commençons tout juste au Québec à construire ce type de carrefour. Je passe-tu, je ne passe-tu pas ? Ai-je le temps ou pas ? Quand dois-je me tasser ou pas de la voie ? Cela peut vous paraître simple pour vous européens, mais pour nous les habitués aux feux lumineux ou aux arrêts-stop, ce n’est pas évident. Une fois arrivé dans le vieux dans les zones de pavés, on roule lentement pour faire attention aux piétons, mais surtout pour se choisir notre terrasse de la journée pour prendre notre collation avec une bonne bière au soleil. Et ce n’est pas les places qui manquent. On a vraiment l’embarras du choix. Il y a bien sûr la Rambla et la Place de l’Indépendance où on en retrouve plusieurs, mais on aime bien fréquenter les cafés fréquentés par des cyclistes. Le plus populaire est sans doute la Fabrica, un petit café cycliste propriété d’un ancien coureur professionnel canadien de l’équipe Orica Greenedge. Il n’est pas évident de le trouver au fond d’une petite rue étroite au bas d’un escalier, mais cela en vaut vraiment la peine.
Rassemblement terrasse Eat Sleep Cycle

On y sert de la bonne bière, un excellent café et plein de repas santé. Le problème est qu’il ferme tôt, alors il nous arrive de fréquenter la terrasse ensoleillée de « Eat Sleep Cycle » qui, en plus d’être un resto-bar, est aussi une boutique de linge et d’accessoire cyclistes, et les proprios offrent des sorties de vélo avec guides autour de Gérone. La terrasse est bondée de cyclistes de toute l’Europe en voyage comme nous qui reviennent des 4 points cardinaux de la région.



On y restera souvent jusqu’à 17 h dépendamment de notre programme. Soit qu’on se concocte un petit souper en tête à tête Line et moi à l’appart les volets ouverts pour entendre les bruits de la ville ou qu’on y ressorte pour le souper vers les 20 h. De toute façon, les restos n’ouvrent pas avant cette heure. Les Espagnols finissent de travailler tard et ne soupent pas avant les 21 h. On revient à l’appartement vers les 11 hs. Fatigués de notre journée, c’est l’heure du dodo. Et voilà ! Demain, on recommence cette belle aventure vers d’autres vallées et montagnes. Les vraies vacances à l’européenne; routes parfaites, excellente nourriture, vino, relaxation, dépaysement culturel, langue, magnifique! Je vous le souhaite tous.
***
(À suivre... dans une semaine)

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jeudi 24 janvier 2019

Le vélo a sauvé ma vie - Chapitre 10

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Chapitre 10
Faut bien en rire. Quel style de cycliste êtes-vous?

Vous savez ? À bien y penser, il faut avoir du cran pour faire du vélo de route dit d’entraînement. J’ai l’impression que les risques d’accidents et de blessures à vélo sont pas mal plus élevés chez les cyclistes que chez ceux qui jouent au tennis, au basketball, au soccer, voire au hockey. Je serais curieux de voir des résultats d’études qui porteraient sur la fréquence des blessures/accidents graves aux 1000 participants dans plusieurs sports. Je ne serais pas surpris de retrouver le vélo dans le top liste. Enfin…

La personnalité d’un individu transcende dans chaque sport qu’il pratique. Ses traits de caractère et de personnalité sont intrinsèquement liés au style qui le caractérisera dans la pratique de ses sports. On en entend souvent parler via les commentateurs sportifs dans le hockey par exemple. Vous savez lorsqu’ils analysent la composition des trios, d’une équipe, ou bien lors d’un repêchage. Combien de fois n’avons-nous pas entendu un commentateur dire, « il leur faudrait un joueur combatif, un bon centre intelligent pour construire des jeux, un « goon » pour protéger leurs vedettes ! Dans tous les sports, c’est de même. Demandez aux entraîneurs des Alexandre Despaties, Alex Harvey, Guy Lafleur, Jean Béliveau ou what ever comment ils expliqueraient les succès de leurs poulains ? C’est tellement évident, que nous saurions capables de répondre à cette question nous-mêmes. C’est certain qu’on en viendrait à parler des personnalités de ces athlètes. Un autre exemple d’athlète tient, que j’ai adoré plus près de notre discipline et de mon bled ici à Québec. Marie-Hélène Prémont?  Je vous référerais à une citation de sa part dans la presse lorsqu’elle fut intronisée au temple de la renommée du cyclisme canadien en 2017.

Persévérante dans le sport comme dans la vie, Marie-Hélène Prémont a su conjuguer ses nombreux entraînements et déplacements à l’étranger aux études. Diplômée en kinésiologie, puis en pharmacologie, elle estime que l’apprentissage a toujours été au cœur de ses priorités. «Je voulais être autonome et toucher à plusieurs facettes de mon sport. Je pense que mes études ont fait de moi une athlète plus complète, notamment sur le point de la psychologie.» Ténacité, oui. entêtement, «aussi». «Je ne plie pas devant les obstacles et je ne me laisse pas dire quoi faire», résume-t-elle, en souriant.

Chez nous, on appelait cela de la « graine de champion ». Combien de filles croyez-vous, avec sans doute plus d’aptitudes physiques que Marie-Hélène n’ont jamais pu s’approcher des meilleurs au monde comme elle ? Je n’ai jamais eu besoin de lire cet article pour savoir à quoi carburait Marie-Hélène Prémont. J’ai assisté à presque toutes ses prestations sur la coupe du monde au Mont-Ste-Anne et notre tite fille de la Côte-de-Beaupré était une tenace, une coriace, dotée de superbes qualités athlétiques, mais elle était aussi surtout une « bright ». Elle se positionnait toujours bien dans le peloton, plus prudente dans les descentes très techniques, elle gardait ses adversaires à vue et savait quand exploiter sa force en montée pour les rejoindre ou les abandonner pour filer vers la victoire.

Si j’avais à refaire mes études, je les referais en psychologie du sport. Mon passé en relation d’aide m’a grandement aidé pour cerner les cyclistes que j’ai côtoyés et pour me comprendre moi-même. C’est tellement évident dans le vélo, un sport individuel comme beaucoup d’autres disciplines, où l’athlète doit faire d’introspection pour en arriver à comprendre des résultats décevants.

Pas surprenant que je me suis plu dans le personnage de « Coach Bob la gazelle » que je me suis bâti au fil des ans. Ce n’est pas d’hier que j’observe les cyclistes qui m’entourent. N’oubliez pas le rôle que je jouais avec mes coéquipiers nettement meilleurs que moi. Si je n’avais pas eu la sagesse de remettre les choses à leurs bonnes places à chaque fois que je me posais des questions sur mes performances, et bien j’aurais tiré la serviette. Je n’aurais pas fait le temps que j’ai fait.

Et c’est ce qui me rend si fébrile quand je pars m’entrainer, vous vous souvenez quand je vous ai dit qu’il y avait comme un mystère, de l’inconnu quand je sors à vélo, bien voici quelques cyclistes que j’ai rencontrés ici et là et qui, sans être des amateurs de haut niveau, m’ont impressionné.

« Je me souviens il y a 25 ans quand j’ai commencé à rouler, c’était un happening quand je croisais quelqu’un sur mon chemin et encore bien plus quand je l’avais dans ma mire hihihihihi. Je m’empressais de le rejoindre, pour le challenge de rattraper quelqu’un peut-être meilleur que soi, mais aussi pour le saluer afin de s’assurer de se reconnaître plus tard durant la saison. Cette rencontre pouvait ne pas durer longtemps avant d’appuyer sur la pédale si on s’en sentait encore capable, soit pour le larguer ou se faire larguer. L’important pour moi était de se saluer et qui sait, pouvoir se reconnaître plus tard.

Aujourd’hui ? Nous sommes légion sur les routes. Je n’en reviens pas et cela progresse d’année en année. Comme je disais cette semaine, je n’ai jamais vu autant de pelotons samedi dernier et lors de mes dernières sorties en solitaire. De plus, je rencontre des tonnes de cyclistes de toutes sortes à part cela !

Ceux que je préfère sont les « street riders all year long » ! Mon grand chum Paul a une shop de vélo avec ce genre d’énergumène ! Vous savez ces travailleurs qu’on retrouve sur toutes sortes de montures et qui ont dans leur for intérieur un semblant d’Ayrton Senna !  Je me souviendrai toujours de mon style "construction,", en overall remonté au mollet avec clip en métal au pantalon chaussé en botte à cap de travail Kodiak sur une pédale plate en métal. Malgré mes accélérations de plus en plus rapides sur tout le chemin Saint-Louis pour me débarrasser de lui, il réussissait à arriver à ma hauteur pour me faire un gros sourire à chacune de mes lumières.
« Hey man!! Quand est-ce que tu changes ton grincheux de becycle à poignée droite pour un bolide comme le mien ! Ciboiiiire t’es pas tuable !!»
Voyez-vous, il se peut fort bien qu’il raconte encore cette anecdote à ses amis en disant de moi, que je savais vivre, que j’ai su reconnaître son talent ! Cette semaine encore, sur le même boulevard, j’arrive à la lumière de Charles-Huot direction ouest après un faux plat sur lequel je me plais d’appuyer un peu, qu’un fonctionnaire en court bin poilu à la préretraite se pointe en même temps que moi à la lumière avec son vieux Marinoni modèle des années 90 avec son rack arrière sur lequel repose sa boîte à lunch sur son ordinateur portable!!! Christ Bob un peu de fierté quand même ! En plus, c’est monsieur qui démarre avant moi et qui me commande le rythme jusqu’à la prochaine lumière. Aucun son de travers sur cette vieille machine. Ça tourne comme une machine à coudre. J’ai roulé en fin de semaine avec un gars qui avait un bike à 10 M$ qui faisait plus de bruit que lui !

-  « Dites donc monsieur… ça roule bien ce petit Marinoni-là ! »
- « pas pire hein ? Il a 17 ans et je viens de le faire ajuster » c’est mon bike de travail. J’en ai un autre pour l’hiver et un autre pour l’entraînement ! »

okkkkkkkkkkkkkkkkkk!!!!!! Croyez-vous que je l’ai salué le bonhomme avant de redémarrer ? Bin sûrrrrrrrrrrr!!!!!

Non, mais cet homme-là est passionné encore un bien plus que moi!! Vous vous imaginez ? 3 bikes. Un pour l’hiver, un pour l’été pour le travail et un pour l’entraînement. Je suis-tu chanceux moi de ne pas l’avoir rencontré avec son vélo d’entrainement lui ? Il aurait été plus fort que moi d’un coin de rue à un autre en tout cas, c’est certain!! Quant à mon gars de la construction, c’est un Goliath qui s’ignore. C’est malheureux, c’est comme mon Olympienne du Michigan State, je ne les ai jamais revus ces deux-là. De valeur…

La semaine dernière quand j’étais sur mon montagne à double suspension, deux ptits culs de calibre junior ont voulu me déposer sans même me jeter un coup d’œil!!! Comme je les avais vus venir …Bang! Je descends la chaine en bas, je barre mes suspensions et je me colle à eux. Les tits batinsss qui continuent d’accélérer à part cela… ils se mettent même à danser pour relancer leur affaire… et finissent par me décrocher sur 100 pieds seulement après deux kilos à bloc et je finis par arriver pareil en arrière d’eux à la prochaine lumière. Sans qu’ils me saluent encore, je les regarde et je leur dis;
« hey, les boys, ça va ?
« Oui ça va monsieur » !
« Avouez que je vous ai fait un peu peur hein?!!! Hihihihihi
Eux autres aussi vont se souvenir longtemps du vieux avec son tank lorsqu’ils auront pris un peu de sagesse !

Alors la morale de cette histoire les amis… prenez donc le temps de bien voir qui vous dépassez, de le (la) saluer, et assurez-vous d’en avoir encore en dessous de la pédale si vous êtes un peu baveux, parce que si c’est moi, soyez assuré que je vais vous coller au cul, pis si je peux, je vais vous en remettre!!! »

Je ne connais pas de sports autres que le vélo qui produisent des personnes si déterminées à prouver parfois, coûte que coûte, jusqu’à se péter la gueule, qu’ils sont les meilleurs du jour. Ah jeune, quand je jouais au tennis, aux racquetball ou dans d’autres sports d’équipe, j’avais bien le goût de gagner, mais je ne crois pas que j’y ai mis autant de cœur que je l’ai fait à vélo. En tout cas, cela ne mettait pas ma vie autant en danger.

Et n’allez pas croire que ce sont juste des malades comme moi qui sont si égocentriques… À preuve, quelques jours après avoir rencontré ces deux derniers bizarroïdes de haut niveau, imaginez-vous donc que j’en ai rencontré deux autres sur la Promenade de Champlain quelques jours plus tard.

Comme vous le savez, je suis revenu de congé lundi après la fête du Canada (…) Alors, comme je ne me peux m’absenter longtemps du travail en cette période de l’été, j’avais dû mettre les bouchées doubles, de sorte que je n’ai pas pu sortir avant-hier avant 17H!!!! Je ne me souviens pas d’être sorti aussi tard. Et pour ceux que 17 h est votre heure de retour du travail à vélo, bien j’ai l’impression que vous devinerez de ce que je vais vous parler. De ces "street racer’s worker rider all year-long!" Ne cherchez pas sur Google cette expression. Je viens de l’inventer ! Vous savez cette gang de gros costauds mal habillés, bien vous savez avec des shorts safaris sur un cuissard par-dessus avec un packsack, qui se prennent pour Ryder Hesjedal en revenant à la maison en pourchassant tout ce qui bouge!! Non, mais qu’avez-vous donc tous ? Je suis sur la piste cyclable de la Promenade de Champlain à la hauteur de la côte de l’église. Je viens de partir. Je suis en réchauffement. BANG ! Deux espèces de deux gros "Beefs" dans le genre que je viens de décrire me dépassent en relais pour me laisser sur place ! Hey les boys ! Savez-vous à qui vous avez affaire ? À Bob la gazelle ! Pas de salutations ! Ni même un regard ! Niet ! Nonnnn, mais y sont qui eux ?!! Je me lève en un coup de vent et je les colle, pis je décide de les suivre seulement. Regarde, à 40km/h sur une piste cyclable, pensez-vous que je vais les dépasser!!. Après quelques instants, le premier en avant commence à ressentir un peu de fatigue.... ben j’imagine que oui, lorsqu’on met les mains dans l’arche du guidon en bas et que les genoux commencent à te sortir de chaque bord, bin c’est que tu commences en arracher ! Bien tenez-vous bien, l’autre "mal éduqué" en arrière presqu’aussi épuisé, lui Christ une mine en le regardant par-dessus le marché en le passant, tout fier de son coup!!!! Hein!! Mais c’est la guerre icitt!! NON, mais je pensais qu’ils étaient ensemble moéééé!!?! Non, mais ils bauchent l’un contre l’autre me suis-je dit et ils m’ont ramassé de même, parce que je le voulais bien ! Mais ce n’est pas fini ! Aussitôt que ce deuxième salaud a ressenti un peu de fatigue, je l’ai dépassé doucement en le saluant avec un beau sourire, les mains sur la barre horizontale le corps bien droit en lui faisant une accélération progressive jusqu’à la fin de la Promenade... c’est sûr que je les ai décrochés et quand je suis arrivé à la lumière, je leur ai dit "Hey les boys ! Je pensais que vous étiez ensemble ? QU’EST-CE QUI SE PASSE ?" " Nonnnnnnnnnn on ne se connait pas nous monsieur!! 
« Quoi!! Vous ne vous connaissez pas ! Ciboirrrrr"
Non, mais y avez-vous pensé ? Est-ce que cela veut dire que ces deux jeunes ont le couteau entre les dents chaque soir qu’ils terminent leur boulot ? Non, mais ils sont malades. Et ce qui est le pire, c’est que cette maladie est contagieuse et rejoint de plus en plus de monde !

Je sais, je sais ce que vous êtes en train de vous dire. Oui je sais, je suis aussi coupable qu’eux. Qu’ai-je voulu autant prouver moi aussi,? Vous avez raison. Je suis aussi sinon plus malade qu’eux. Que voulez-vous, je déteste me faire lyncher par des cyclistes qui ne devraient pas. S’il a 25-35-40 ans full cut, rasé, c’est correct. Je ne ferai quand même pas une dépression, quoiqu’à cet âge je les aurais ramenés à la réalité, mais s’ils sont dans mon « range », alors là, pas pareil. 

Voici une autre de mes histoires abracadabrantes qui décrit bien mon état d’esprit quand j’embarque sur ma bécane…

« J’étais sur mon retour de ma ride aujourd’hui. Un petit 60 kilos sur terrain vallonné. Un beau samedi d’octobre à 12 degrés C. La saison des gros efforts est comme terminée. Les sorties de club ? Bof, non merci pour moi. À ce temps-ci de l’année, je préfère rouler avec des amis (e) proches ou seul. Habillé multicouches, en long, avec mon passe-montagne léger, je n’ai comme plus le goût de m’époumoner pour m’accrocher à personne.

Je venais de lâcher un rang pour embarquer sur une petite nationale qui revient sur Québec presque directement à la hauteur de chez moi. Je déborde de bonheur. Je roule au train à 75 %. C’est le régime que j’aime bien rouler seul. De toute façon, tard à l’automne de la sorte, habillé chaudement, on dirait que tout est difficile. Je ne sais pas si c’est le froid, le fond de l’air, toujours est-il que tu sembles donner un bon effort sur un segment de route que tu fais des centaines de fois et tu regardes ton odomètre pour t’apercevoir que tu ne roules qu’à 32-34 alors qu’en temps normal tu vogues ordinairement ici à 36-38 facilement. Vous n’avez pas cette impression vous autres ? En tout K !

Enfin, je suis sur ce boulevard direction sud et il y a plein de rangs empruntés par les cyclistes qui débouchent sur cette nationale. Ils arrivent du comté de Portneuf plus à l’Ouest ou bien des campagnes du Nord de la ville. À 300 m devant moi, il en sort un et il m’aperçoit lorsqu’il doit regarder sur sa droite pour surveiller le trafic qui vient. Plutôt que de prendre son temps comme un gros « Buck  » qui veut montrer la majestuosité de son panache à sa femelle, me laisser remonter vers lui question de voir si je ne pourrais pas être un coéquipier pour quelques kilos, monsieur prend la poudre d’escampette. C’est sérieux son affaire ! À voir le rythme de son coup de pédale, son dos bien penché par en avant, c’est clair qu’il n’est pas parti à 75 % lui là!! Kossé que je fais me suis-je dit ? Bof, écoute Bob, pousse un peu. Augmente la cadence, puis tu verras. Qui sait ? C’est peut-être juste un pétard mouillé ce mec-là après tout ! Un gros pétard par exemple, pas bedonnant pantoute, mais costaud. Je n’ai pas pu le voir comme il faut quand il est sorti du rang, mais de loin, mon œil aiguisé me disait qu’il était d’une silhouette pas mal plus costaude que moi et surtout, plus jeune que moi aussi. Toutes les conditions gagnantes pour que je ne le rattrape jamais. Même s’il me distance quelque peu, que j’augmente le rythme jusqu’au max que je peux donner, je sens que je n’y parviendrai pas. Bon, qu’est-ce que je fais ? Je ne me viderai tout de même pas comme cela pour rien. Bon ! Je vais me laisser une dernière chance. Il y a à l’avant, à 2 kilos la montée de la rivière aux pommes, une petite bosse de 1 kilo, 5 degrés d’inclinaison qu’il faut bien gérer si on veut la terminer avec force. Plus abrupte sur le bas, son long faux plat sur le haut peut devenir interminable si on en a trop gaspillé en bas. S’il me largue là, bien chapeau mon homme, tu m’auras bien eu, petit connard ! Je l’ai toujours en vue. Je suis revenu sur lui un peu. 250 m peut-être ? Est-ce que je vais payer cher cet effort pour me rapprocher de lui ? On verra »/$ %. Je le vois vraiment attaquer la côte. Son gestuel ne ment pas. Les épaules saccadées, le coup de pédale presque désespéré. C’est certain qu’il ne veut pas me voir lui ! Je décide de monter à mon rythme. Bien accoté aussi, mais sachant qu’il faut qu’il m’en reste en haut pour relancer le faux plat sur la grosse plate. Je réduis la distance de moitié finalement et lorsque je reprends de la vitesse, l’espoir renait en moi. Ehhhh, mon BOB ne lâche pas ! Qui sait si dans le faux plat descendant l’autre bord, il ne décidera pas de relâcher la pédale ? Toi ? Tu te sens bien non ? Top shape mon Bob ! Let’s Go alors ! Ça passe ou ça casse.

HEIN ! Mais qu’est-ce qu’il fait ? Bien cimonac, il se range en haut dans une espèce de dead end, met le pied à terre, sort sa bouteille pour boire et fait comme si de rien n’était… Comprends-tu que je ne le regarde pas plus qu’il ne faut, je maintiens mon rythme et même davantage pour lui montrer qu’il a drôlement bien fait d’arrêter parce que j’allais le chercher moé là!!! Je suis passé devant lui comme un coup de vent ! Dans mon livre à moi, il a eu la chienne le jeune ! Trop orgueilleux. Plutôt que de poursuivre sa fuite, faire ce qu’il avait voulu faire, ce gars-là a préféré se sortir lui-même pour ne pas vivre un échec ! Bien oui ! Il n’y a pas d’autres raisons. Finalement, je me retourne après l’avoir dépassé pour savoir quel rythme adopté moi-même, je venais de vider ma tank pas mal, qu’il rembarque sur sa bécane pour me suivre. Bien joualvair ! Je continue donc à rouler bien accoté, question de lui montrer que si je suis remonté sur lui, c’est parce que je ne suis pas un manchot et qu’à ce rythme, ce petit jeu peut durer longtemps. Je suis surpris de ne pas l’entendre en arrière de moi ou qu’il se soit décidé de ma passer. D’un léger coup d’œil arrière, je le vois revenir à 10 m en arrière, mais je ne peux pas me prononcer sur sa vitesse. Je me méfie alors. Au moment que nous entamons le dernier long faux plat avant de descendre vers Québec, le kid me dépasse rapidement. Il est assis. Il avait bien pris son rythme le petit batinse. À une vitesse qu’il savait sans doute trop élevée pour que je m’accroche. À un rythme que des amis me font parfois et puis après en hypocrite ils me disent. « Ah je prenais le relais voyons Robert !!» Va chier calvaire ! Tu n’apprendras pas à la gazelle à faire des grimaces de singe mon colon !

Toc Toc ! Dans le temps de le dire, il n’avait pas pris 5m en avant de moi, que je rajoute deux dents sur un coup de rein en danseuse pour me recoller à lui. Cela n’a pas été facile. Pas question de me rassoir tant et aussi longtemps que je n’y suis pas parvenu. Pas grave si je m’effoire et que je ne peux pas. Ce ne sera pas la première fois que je me ferai avoir sur une attaque sournoise. Je suis capable d’en prendre des défaites de la sorte. Je réussis toujours à trouver du positif dans toutes mes expériences. C’est pour cela qu’à chaque fois je m’essaye lol!! Je finis par lui arriver dans le cul espérant que je pourrai récupérer un peu ! Il sent ma présence. Comme un cheval checkant de côté, il m’aperçoit ! Il accélère. Il met toute la gomme dans ce fameux faux plat ! Non, mais croit-il qu’il va m’avoir parti comme c’est là!!?? La chaîne en bas, j’ai les jambes qui brûlent. Fuck, il ne m’aura pas. Je vois qu’il faiblit, que ça ralentit son affaire. Super alors ! Je sens mon rythme cardiaque et ma respiration reprendre du mieux avant qu’on arrive sur la longue descente. Pas question de prendre le relais pour qu’il me refasse la même passe. Il se rabaisse sur son vélo comme Froome le tabarouette et à la grosseur qu’il a, il prend nettement plus de vitesse que moi en descendant. Je dois pédaler, sa draft ne me suffit pas ! 50/12, je suis au maximum de mon développement. Je tourne les manivelles à 115 et je finis par me recoller à lui en bas le temps qu’il doive gérer une bretelle d’autoroute… qu’est-ce que je fais ? Je le passe ou pas ? Nonnnnnn. Écoute, c’est lui qui est le plus jeune, le plus costaud, qui a constamment voulu te décrocher après tout ! Qu’il mange de la marde… allez mon homme. As-tu encore du jus ? Envoye ! Montre-moi ce que tu as dans le ventre ! HEIN ! Quoi encore, avant d’entreprendre le dernier bout le fun sur cette nationale pour rentrer en ville, mon kid me fait signe qu’il tourna à droite. Eh ! Une entrée d’une cabane à sucre. Ce n’est même pas une route ! Mon gars qui me refait la même passe que tout à l’heure. En virant, il me regarde tout sourire, je le regarde aussi, mais contrairement à d’habitude où on dit ordinairement « eh ! Merci ! ou what ever d’autre, je garde un visage sans émotion, je ne le salue même pas et je continue sur le rythme qu’il m’avait m’imposé juste pour lui démontrer qu’il avait encore drôlement bien fait de s’arrêter, parce qu’il aurait été obligé de diminuer, puis qui sait ? C’est peut-être moi qui lui aurais donné son dernier coup de grâce. Il n’était définitivement pas préparé à cela. Pas fort son affaire!!

Je suis rentré à la maison sur le rythme que j’avais avant de le rencontrer et je me suis pris une bonne bière à sa santé chez moi, le sourire du vainqueur accroché dans face !

Que voulez-vous, c’est ainsi que je suis fait. Faites ce que je dis, mais ne faites pas ce que je fais.

Toujours est-il que par bonté et amour pour mon sport, je n’ai jamais refusé à quelqu’un qui me le demande de lui donner mon opinion sur sa façon de rouler. Il m’est souvent même arrivé après avoir accompagné ou m’être mesuré à un inconnu sympa de lui prodiguer quelques petits conseils qui me viennent très rapidement à l’esprit au premier coup d’œil. Je n’irai jamais jusqu’à dire que les boutiques spécialisées en positionnement n’ont pas leur raison d’être, mais plus souvent qu’autrement, qu’ils y soient passés ou pas, les principales déficiences que je détecte sont toutes relatives au positionnement; un bicycle souvent trop grand, mal ajusté, un siège trop haut ou trop bas, un guidon souvent trop haut, la potence de guidon de la mauvaise grandeur, cales mal ajustées, etc. Je ne doute pas non plus que certaines personnes puissent avoir à corriger des douleurs persistantes en consultant ces spécialistes. C’est juste que je suis d’une autre époque. Dans mon temps, on ne se basait que sur les principaux critères connus de l’époque, soit la jambe tendue avec le talon du soulier bien accoté sur l’endos de la pédale dans l’axe du poteau vertical du vélo pour ce qui est de la hauteur du siège; du devant du genou juste à l’arrière de l’axe de la pédale vue de haut lorsqu’elle est à l’avant à l’horizontale; et les coudes rejoignant les genoux en position course les mains dans les arches du guidon. Et comme je préfère rouler souvent sur un plus petit vélo, mes coudes vont au-delà du genou même. Cela fait plus de 30 ans que j’ai ces mesures sur un bout de papier et selon la géométrie du vélo, parce qu’ils ont changé avec les époques, J’essaie de les retrouver. Cela peut me prendre une couple de cent kilos et plusieurs sorties avec ma clé pour en arriver à un moment donné, me dire Yesss je l’ai ! Je me sens exactement comme sur mon ancien vélo, le même confort, les mêmes sensations physiques à l’effort. Je vais faire mon colon encore, mais que voulez-vous, c’est comme devoir reconnaitre sa femme parmi plusieurs alignées avec un baiser, les yeux bandés comme dans les séances d’identifications de suspects au poste de police. Imaginez le gars qui se trompe après 25 ans de mariage. Lui c’est sûr qu’il devra aller chez le spécialiste en positionnement hi hi hi

C’est tout de même assez incroyable le nombre de personnes que je vois mal ajustées. Ces dernières années, j’ai offert des cliniques de perfectionnement en vélo de route et je dirais que le quart des gens n’avait pas la position adéquate pour le style de vélo qu’il voulait pratiquer. Comment pouvez-vous pleinement tirer avantage du transfert de la force (énergie) de votre dos vers les fessiers puis aux cuisses avec un guidon à la même hauteur, voire plus haut que votre selle ? Ah, Bob, j’avais un malaise dans le dos et mon conseiller m’a recommandé cette position. Ah c’est sûr, si vous voulez retrouver le même confort sur votre vélo que dans votre lazy-boy à la maison, c’est sans doute mieux de même. Sinon, renforcissez votre dos et habituez-vous à cette nouvelle position plus logique pour aller chercher toute la puissance dont vous êtes capable. Vous verrez, avec le temps, et pour cela il faut être patient, vous n’en aurez plus de mal de dos. Vous verrez tellement d’amélioration dans votre rendement, qu’il vous fera oublier vos petits malaises. De toute façon, qui ne ressent pas certaines douleurs musculaires après avoir roulé des heures sur sa bécane ?

Les autres aspects que je détecte souvent concernent la gestion de son énergie avec la position des mains, du corps assis ou en danseuse en considérant bien sûr le braquet utilisé par le cycliste selon le terrain auquel il fait face. Cela mes amis, c’est plate à dire, mais cela s’acquiert avec le temps à coups d’essaies et erreurs. Essais et erreurs veut dire prendre des risques et changer son approche par rapport à une difficulté, un type de terrain qui nous effraie…

Une jeune dame de Sherbrooke m’a écrit il y a quelques années pour me demander conseil.

« (…) Bon, alors voilà je m’appelle Jeannette (nom fictif), j’ai 26 ans et je me considère assez bonne cycliste. Je roule depuis 4 ou 5 ans, mais je faisais un peu de jogging avant. Disons que j’ai une assez bonne forme. Je ne suis pas très musculaire, mais je ne suis pas une chicot non plus. Je mesure 5 pieds 4 et pèse 115 lb.

Je roule souvent avec la même gang de filles et même des gars. Je suis assez compétitive et orgueilleuse. Je ne comprends pas pourquoi, mais je suis capable de les tenir tous et toutes sur le plat, même parfois faire plus que ma part lors des relais, mais lorsqu’une bonne côte arrive, je me fais larguer ! J’ai pourtant un bon cardio. J’ai l’impression d’avoir tout essayé. Il y a sans doute quelque chose que je ne comprends pas. Peux-tu m’aider la gazelle ? Je suis désespérée… »

J’ai comme détecté chez cette demoiselle un problème que je rencontre souvent autour de moi, particulièrement chez les filles. Bon encore le macho, le sexiste qui parle. Ah ! Que voulez-vous ? Je persiste à croire que nous les hommes et femmes sommes quelque peu différents au niveau de l’attitude (personnalité) face à l’adversité et cela se traduit aussi dans le sport.

« Les raisons sont nombreuses pour expliquer pareille difficulté de ta part en vélo, malgré l’effort que tu y mets. Les suggestions et recommandations suivantes te sont soumises en vrac ainsi qu’à tous mes lecteurs. À toi de voir si elles s’appliquent à ta réalité: 
  • Le stress, l’insécurité et l’orgueil, les pires ennemies du cycliste de performance. La crainte de ne pas être à la hauteur, devenir nerveux, ne pas être confiant avant même de grimper une côte ou de faire face à toutes autres difficultés grugent énormément d’énergie. Combien ? Je ne saurais te le dire, mais bien en masse pour qu’à elle seule, cette façon d’être te relègue en arrière. Donc, travailler sur sa confiance et se dire que même si on échoue, ce n’est pas plus grave que cela. Si quelqu’un « t’écœure » sur les résultats que tu obtiens, parce que certains cyclistes prétentieux sont aussi méchants avec toi, bien, expulse-le de tes amis (e) pouvant t’accompagner lors d’entraînements. Enfin, tenter de faire un visionnement intérieur de ta montée après ta ride pour tenter de voir ce que tu aurais pu améliorer.
  • Dans la même veine, il y en a toujours des meilleurs que soi. Or, s’ils sont d’âge et de gabarits comparables, s’en inspirer comme modèle. Observe comment ils attaquent une côte. La souplesse ou pas qu’ils adoptent en monté (cadence des tours de manivelle), quand ils changent de braquets (vitesse), etc… il y a des chances que tu découvres des choses que tu ne fais pas comme eux.
  • Bien gérer sa ride. Trop de cyclistes ignorent qu’à des niveaux comparables (gabarit et niveau d’entrainement, CAD avec le même millage), qu’on débute tous une randonnée avec une tank à essence à peu près avec le même niveau d’essence. On sait tous que quelqu’un qui conduit une auto par des accélérations répétées aux lumières, par des dépassements ou des pointes de vitesse élevées, va arriver dans le fond avant l’autre qui fait le contraire. Bien, c’est la même chose en vélo. Si tu en profites pour te mettre en évidence lors des autres moments de la ride (plat, relais face au vent, etc.) parce que tu veux prouver que ta forme est au rendez-vous, à la venue des côtes sur le parcours, il y a des chances que tu ne sois pas à la hauteur, que tu foires, et ce, même si tu avais une meilleure technique et plus de forme, à moins que tu te shootes au beurre de peanuts ou que tu te démarques considérablement de tes amis (e) ce qui ne semble pas être le cas!! Alors, relaxe ma fille, n’en donne pas plus que le client en demande. Personne n’est là pour te juger puisque tu as montré la porte de sortie aux éléments négatifs plus tôt… tu te souviens ? De toute façon, tu te Cali… de ce qu’ils pensent eux autres. Tu sais qu’il y a des difficultés sur ce parcours. Gooddddd!! Alors, organise-toi pour ne pas arriver trop hypothéquée là-dedans. Une victoire à la fois et prends les moyens pour y arriver. Même les professionnels agissent de la sorte !
Ne pas avoir peur d’essayer de nouvelles affaires. Arrêter de vous entêter à demeurer dans le même modèle de réconfort juste parce que dans la littérature cycliste, il est dit à quelque part que la position assise dans une montée est la plus efficace ou celle qui draine le moins d’énergie, contrairement à la danseuse.

Cette approche ne m’a jamais convenu et ce n’est pas parce que je n’ai pas essayé. Je n’ai pas les qualités athlétiques de ceux qui favorisent cette avenue. Je suis comme Jeannette de Sherbrooke, mince et peu musculaire. De plus, je n’ai pas le cardio des athlètes de haut niveau. Je ne peux pas maintenir en montée une cadence de pédalage aussi élevée que mes concurrents. Mon mode de vie passé revient me hanter. Alors instinctivement, je n’ai pas trouvé mieux que d’alterner entre assis et en danseuse dans les longues montées. 

Je me suis avancé auprès de Jeannette en lui dévoilant comment un petit gabarit comme moi s’attaque à une côte selon qu’elle est;

1. De courte distance, de pente douce ou raide; si tu arrives dans ce type de montée suite à une légère descente, exploite ta vitesse pour l’attaquer à un bon rythme sur un pignon en puissance (forte résistance) pour que tu l’achèves en danseuse à l’arraché, ce qui veut dire que tu balances le vélo latéralement en tirant fortement des bras le guidon pour favoriser une plus forte poussée sur les pédales. Il faut maintenir ce rythme et position jusqu’à la fin de la bosse où tu pourras te rassoir RAPIDEMENT en position de course, c’est-à-dire en tirant sur les cocottes du haut du corps, les bras fléchis à 90 degrés pour transférer ton énergie en pleine puissance dans les fessiers et les quadriceps, les talons bas dans chaque poussée de pédale. Idéalement, tu n’as pas à changer de pignon sur cette montée. Tu as choisi le bon braquet avant de monter et tu l’as enduré avec une certaine douleur aux jambes jusqu’à ce que tu rassoies avec un ou deux pignons plus souples… et relancer !

2. De longue distance douce ou raide; rentrer dedans comme dans la courte si tu arrives dedans avec une certaine vitesse, mais cette fois-ci, tu devras tenter de maintenir celle-ci le plus longtemps possible tout en régressant un pignon à la fois. Si cette montée n’est pas trop abrupte, iI est possible que tu puisses demeurer sur le gros plateau, ce qui serait souhaitable s’il t’est possible de le faire. Si jamais une de tes copines décide d’élever la vitesse, un coup de reins de ta part sur la grosse « gear » te permettra de t’en sortir beaucoup mieux que d’être emprisonné sur le petit, le cardio dans le plafond et là, de devoir de revenir sur le gros. Le temps de réfléchir à tout cela et d’opérer cette manœuvre peut te faire perdre contact avec les meneuses. Cependant, par expérience, tu t’es vite aperçu que cette longue montée devra se faire sur le petit plateau. L’enjeu est maintenant de changer du gros au petit plateau au bon moment, un changement bien évalué de ta part pour ne pas revenir trop brusquement en souplesse et te mettre à sautiller dans le vide sur la selle!! Très très mauvais ! Ce changement de plateau au bon moment sur le bon pignon est d’une importance capitale. Tu dois apprendre par expérience (essais et erreurs), selon ta vitesse et l’inclinaison de la pente, à changer de plateau pour tomber sur le bon pignon!! Une erreur à ce moment est encore suffisante pour que tes copines te larguent dès ce moment-là, pendant que tu regarderas en bas sur ta cassette pour comprendre qu’est-ce que tu viens de faire de mal. Trop tard ma belle fille ! Elles sont parties ! Donc, après ce changement de plateau avec succès, les deux mains sur la barre horizontale ou les deux mains bien accrocher sur le devant des cocottes, tu t’installes sur le pignon de ton choix (cadence de 65 à 80 tours de manivelle), tu tires et pousses égale, fluidement, tu respires profondément, tu gardes ton calme malgré des dépassements possibles. L’important est de garder la cadence et la vitesse sans donner de coup. Tout doit se faire en douceur. N’oublie pas que cette montée est longue et que les filles qui viennent de te dépasser vont peut-être tomber en défaillance d’ici peu ! Elles ne pourront pas maintenir cette cadence longtemps si tu es compétitive. Tu souffres et tes jambes te font mal ? Tu te sens ankylosée ? Alors tu mets un pignon de plus en résistance et tu te lèves debout en danseuse sans trop changer le rythme. Pas de brusqueries, souviens-toi ! Grimper en danseuse de la sorte te permet de replacer tes jambes et de stabiliser ta respiration en relevant le tronc et en dégageant les épaules, très important. En temps opportun, tu reviens sur ton pignon plus souple en même temps que tu te rassois pour toujours maintenir cette cadence et vitesse. Tu dois éviter des changements de cadence brusques entre les deux positions. Possible qu’avant la fin de la montée, que tu ais dû changer de vitesse sur un pignon encore plus souple parce que l’inclinaison s’accentue ou parce que la fatigue te gagne. Pas grave, tes jambes t’ont demandé de les épargner un peu… musculairement, tu es en dette probablement et tu ne veux pas souffrir davantage… c’est correct. Par contre, il est important de bien se connaître et d’être en mesure de reculer le seuil de la douleur ! Cela aussi s’apprend par essais et erreurs. Cela veut dire accepter de prendre des risques.....Il est possible aussi qu’avant la fin de cette montée que ce soit le contraire qui arrive. Tu t’es sous-estimée. Wow ! Tu es dans une super de bonne journée. Tu peux te faire mal encore plus. Tes jambes sont bonnes. Tu te sens capable d’en rajouter un autre (pignon) en résistance et de le pousser jusqu’au sommet. D’une façon ou d’une autre, que tu sois revenue plus en souplesse ou plus en force, avant d’arriver en haut, à la distance que tu te le jugeras opportun, tu en rajoutes un ou deux autres pour te lever en danseuse, mais cette fois-ci à l’arraché pour te rassoir vidée sur le radoucissement de la côte. Tout de suite en te rassoyant, tu rétrogrades d’un pignon ou deux, comme à ta position assise que tu étais avant de te soulever. Normal, tu viens de l’achever cette salope avec le plus fort wattage que tu peux pousser. Tu n’as que quelques secondes pour te relancer, c’est-à-dire pour reprendre un bon rythme, pour répondre à une accélération. On reste calme. tu te fais confiance. C’est primordial. Tu réussiras à le faire seulement si tu réussis à reprendre le contrôle de ta respiration et pour ce faire, il faut rapidement que tu remettes de la « gear » plutôt que d’en enlever. C’est souvent le contraire que les gens font. Ils adoptent un braquet trop souple trop longtemps au sommet de la côte croyant que c’est ainsi que leur cœur se rétablira, alors que c’est sur cette cadence trop élevée que tu t’hyper ventiles et que tu t’effoires. Surtout que tu es en état de panique de voir tout le monde se sauver. Ce n’est rien pour aider comme je l’ai déjà mentionné. Dans des conditions optimales, si ta forme est là, tu n’auras besoin que de 10 à 15 secondes pour gérer cette transition et être en mesure de te remettre en marche.

Au début de saison, ces principes s’exécutent sur des pignons plus souples et au fur et à mesure que ton cardio s’améliore et que tes jambes se renforcissent, tu t’apercevras que tu vas passer les mêmes difficultés avec plus d’aisance sur un pignon plus dur. C’est ce que tes copines ont compris lorsqu’elles te larguent et ils se défendent bien de te le dire... crois-moi :-) »

Savez-vous quoi ? C’est pendant la pause hivernale en décembre que Jeannette m’avait écrit pour ces conseils et ce n’est que l’automne suivant qu’elle m’a récrit pour me remercier. Elle m’avait dit avoir beaucoup progressé et qu’elle continuait d’y travailler. Jeannette avait compris que ces habilités ne s’acquièrent pas instantanément. Qu’il faut y travailler et apporter des petits correctifs selon le type de cycliste que nous sommes.
***
(À suivre... dans une semaine)

Coach BOB la gazelle!
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Aussi un rouleur!

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Note de l'auteur

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