Souvent on entend dire que pour vivre une vie de couple heureuse et de longue durée qui sort de la routine qui tue, qu'il faut savoir innover, changer, se renouveler, faire des compromis, etc. Et ce, dans plusieurs sphères de notre vie. En fait, dans tout ce qui nous est cher et auquel on tient. Tiens! Au travail par exemple. Pour se garder motivé, on souhaite avoir de l’avancement, se voir confier de nouvelles fonctions, sinon on se lasse et on devient moins performant. Des changements nécessaires comme pour dans notre couple. Mais pourquoi vous racontai-je tout cela? Je vous raconte tout cela parce que ça fait 35 ans que je fais du vélo. On s’entend donc pour dire que cette activité m’est précieuse. Or, pour le vélo, je n’ai pas l’impression d’avoir dû changer grand-chose pour me garder très excité à chaque fois que je l’enfourche. Je n’ai jamais eu à aller voir le psy pour me ressourcer, demander à personne si je peux ou ne peux pas le prendre à telle ou telle heure, et j’ai toujours été le seul à décider de la façon dont j’en fais. Ah, il y a bien certaines personnes qui m’ont prodigué quelques conseils, donner quelques trucs, mais jamais en état de désespoir au point de tout câlisser cela là, si je n’y arrivais pas! Un peu comme la fin d’une relation de couple qui, après être passé chez le psy, malgré une bonne volonté de part et d’autre, on en arrive à tirer la serviette. Un peu comme au travail, malgré les efforts pour bien maitriser telle ou telle nouvelle tâche, on est rétrogradé à ses anciennes fonctions. C’est ce qu’on appelle un échec. Je n’en suis jamais arrivé là à vélo!
Ceux qui connaissent mon histoire de vie savent tous et toutes que le vélo est ma rédemption. Depuis plus de 35 ans, soir après soir, je le vérifie, checke la mécanique, huile ma chaine, gonfle mes pneus et puis je pars. Mon esprit se déleste de ses problèmes de vie de couple ou de son boss à l’ouvrage qui lui est tombé sur la rate lors de sa dernière réunion. Je roule et roule. Je tourne les manivelles instinctivement. C’est comme respirer durant mon sommeil. C’est naturel, je les tourne et les tourne des heures et des heures durant. Je suis le seul à en décider comment je les tourne, à 75 tours, à 90? Avec puissance ou en souplesse, jusqu’à ce que mon mental me dise que c’est assez ou pas? Que je me gratifie moi-même en me disant « good job Bob ». Un peu comme nos amis nous complimentant de la sorte, parce qu’ils trempent dans la même réalité. Comme les compliments que j’adresse à un de mes chums heureux avec sa femme depuis plus de 20 ans « Hey! Bravo man vous êtes bons en ta…». En vélo, moi je suis heureux. C’est la dimension qui a surmonté tous les soubresauts de ma vie. L’aspect de ma vie qui a traversé le temps, qui a traversé toutes les époques.
Hier en cette période de pandémie, où on nous répète jour après jour de limiter nos contacts, je suis sorti à vélo avec quelques amis. Nous étions à l’unisson dans le même état d’esprit de libération. 95 kilos de pures délices dans de forts vents, qui nous ont obligés de redoubler d’efforts, à crisper le visage de douleurs les quelques instants que ça prend pour retrouver le calme. Je dois remercier la vie de m’offrir ce privilège, cette porte de sortie pour me libérer, mais surtout, la santé pour me le permettre. MERCI, MERCI BEAUCOUP!
------- _-\ <,' Aussi un rouleur !
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