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mercredi 2 janvier 2019

Le vélo a sauvé ma vie - Chapitre 7

Si vous n'avez pas lu les premiers chapitre, suivre ce lien

Chapitre 7
Pas facile la vie amoureuse d'un cycliste

Courir pendant ces 5 ans a été vraiment un moment de bonheur. Ah, il y avait bien ma mère, des amis, certains collègues de travail et surtout les filles que je fréquentais, bien disons avec qui je flirtais, qui ne comprenaient absolument rien à cet engouement que j’avais pour le vélo. Plusieurs d’entre elles ne me laissaient même pas l’occasion de me faire valoir. Et même si je pouvais lui sortir l’une de mes meilleures performances, vous savez ce que je veux dire, bien elles ne m’accordaient qu’une couple de semaines de courtisanerie, et ce n’était pas long que j’obtenais mon t4, mon bleu si vous voulez.
«  Dis-moi Robert, veux-tu venir souper à soir? »
« As-tu quelque chose ce soir mon chou?
 « Qu’est-ce que tu fais ce soir? »
« Veux-tu sortir, aller voir un film ? »
« Bien, je ne fais rien de spécial ma chérie, je pourrais arriver pour souper vers 19h30. Bien, je pourrais arriver ou passer te prendre vers 19h30. 
Ma réponse était souvent la même…..
« Je pourrais y être vers 19h30 » après mes entrainements bien sûr, comme vous vous en doutez.
Après la séparation de la mère de Viviane, ma fille, mes aventures amoureuses n’ont jamais été très concluantes. Il ne m’était même jamais passé l’idée par la tête de déménager mes pénates avec l’une d’entre elles. Cela n’avait jamais été assez sérieux. Contrairement à beaucoup de mes amis, je veux dire tous ceux qui ne faisaient pas de vélo comme moi, ou à des amies de fille qui gravitaient autour de moi, donc contrairement à eux, je ne faisais pas de fixation sur la nécessité d’avoir une blonde. Pour plusieurs d’entre eux, être célibataire depuis un certain temps était vu comme un échec, comme la preuve qu’ils n’en valaient pas la peine. Le rejet total. Fiou! Combien de fois ai-je rencontré des amis de même, qui en faisaient quasiment une dépression ou qui acceptaient finalement de fréquenter un peu n’importe qui pour ne pas être seul.

Souvent autour d’une bière, l’air complètement débiné…
« Ah Robert, ce n’est pas la fille ou le gars parfait, mais bon, tant qu’à être seul ou de m’ennuyer pour mourir, bien… je l’endure. » Pas drôle n’est-ce pas ?
Bien ! Voulez-vous que je sois honnête avec vous, que je vous dise la vérité? Bien moi, il m’est arrivé très souvent d’avoir ces idées par rapport à une relation que je pouvais avoir avec une fille, mais ce n’était pas pour les mêmes raisons que mes amis. Non pas parce qu’elle n’était pas l’idéal de femme que j’attendais depuis 10 ans. Non ! Parce qu’inconsciemment, cela faisait mon affaire, c’était juste en attendant. Moi aussi, plutôt que d’être seul, je faisais un petit effort, mais pour en attendant que ma saison de vélo recommence. Ou plutôt, en attendant devrais-je dire qu’elles me remercient de mes loyaux services avant que ma saison de vélo ne recommence. C’était inévitable. Même chez quelques-unes auxquelles je tenais beaucoup, en faisant tout en mon possible pour lui faire plaisir, cela ne marchait pas. Que voulez-vous que je fasse? Je n’étais tout de même pas pour mettre de côté mon vélo pour une blonde quand même. On appelle cela comment ils disent, « de la dépendance affective ». Non! Ce n’est pas moi cela! Écoutez, le vélo a sauvé ma vie. C’est le vélo qui m’a permis de performer au travail, de renaître des morts, je n’étais pas loin vous savez, c’est donc avec lui que l’amour surgira ou je mourrai seul.

Voyez-vous, le matin après le petit déj, je partais travailler en vitesse très tôt pour être capable de revenir chez moi au plus tard à 5 heures en fin d’après-midi pour mon entrainement. J’ai toujours été capable de gérer cela avec mes boss. À 7h 30 très tôt le matin quand c’est calme, je suis au bureau à faire mes suivis, à remplir mes commandes, à rédiger mes comptes rendus de rapport. J’ai toujours atteint mes objectifs et aucun de mes boss ne m’a fait chier pour mes horaires stricts de fins de journées. Même que certains voyaient cela d’un bon œil. J’étais super allumé, vite en affaires comme sur mon en vélo et tout était sur leur bureau à 9h quand eux rentraient de leurs horaires de petites familles bien rangés. Ils disaient parfois à mes collègues…
« Pourquoi ne rentrez-vous pas au bureau le matin tôt comme Robert? »
« Bien, parce que voyez-vous boss, parce que nous, à 18h on est encore là alors qu’Harmegnies a câlicé son camp depuis longtemps pour faire de la bicyclette »
Ils me faisaient chier les gars quand ils disaient cela de même, «  de la bicyclette ». Parfois, ils disaient même « faire de la pédale » parce qu’ils aiment m’écœurer pour le fun.  
« Harmegnies y est une pédale  stestie de fifi-là, il est libre comme l’air, il n’a pas de comptes à rendre à personne, il ne s’est pas mis la corde au cou lui, puis s’il est en manque, il n’a qu’à s’envoyer en l’air avec la première qu’il voit ou se branler ! »
Voilà! Bingo ! Vous voyez comme c’est simple? À les écouter parler, c’est moi qui faisais la belle vie !

J’arrivais à la maison à 5h et demie, mon bike déjà fine tuné, huilé de la veille, il ne me reste qu’à gonfler mes pneus. Mon cuissard et maillot sont déjà sur mon lit. Il ne me reste qu’à les enfiler. Mes bouteilles dans le frigo, je me ramasse une banane et une couple de figues et me voilà parti. Pendant les 14 ans que je suis demeuré dans le vieux port, et encore aujourd’hui même avec ma blonde, j’emprunte le premier boulevard qui me sort de la ville et me voilà parti pour une couple d’heures minimum. Le vide complet dans ma tête. Je roule et mon esprit vagabonde entre une accélération, un intervalle long ou court, sur la fréquence de mon coup de pédale, ma position sur mon vélo en recherche d’aérodynamisme, ou encore sur le type d’entrainement que je devrais faire ce soir dépendamment d’où j’en suis dans ma saison. Soit que j’en suis au début, alors je dois travailler mon cardio, ma récupération, ou en milieu de saison lorsque la forme est au rendez-vous, c'est-à-dire à la mi-juin. Vous savez, à raison d’une à 2 courses provinciales les fins de semaine, ma compétition régionale tous les mardis, mon horaire n’était pas trop compliqué. Le lundi, je faisais une récupération active sur moyenne distance, parce que le mardi en course j’en faisais une courte à forte intensité. Je n’étais quand même pour me mettre à terre avant ma régionale ! Pas besoin de vous dire, que pour moi, la régionale du mardi équivalait à mon entrainement par intervalles. 40 kilos en critérium sur un petit circuit à constamment relancer, bien… il était fait mon entrainement avec intensité. Les mercredis et jeudis, je faisais des sorties plus longues (75 kilos) et le vendredi je moulinais en récup de nouveau pour être prêt à exploser le samedi. Vous voyez l’affaire? Comment voulez-vous que j’aie le temps de m’occuper d’une fille avec de tels horaires? Les premiers enlacements, les premiers jours c’est super, une couple de semaines à faire des efforts pour ne pas la décevoir, ça va encore. Vous savez les filles ne sont pas tellement différentes de nous autres là-dessus. Quand cela fait une couple de mois qu’elle est dans le besoin, elle est bien heureuse d’avoir son colleux tous les soirs, mais lorsqu’elle commence à se demander quels seront vos projets d’avenir ensemble, qu’elle prend conscience que tu parles au téléphone aussi souvent avec tes potes de vélo qu’avec elle, qu’elle m’entend discuter de nos tirages au sort pour savoir si je coucherai avec Alain ou Gaétan en fin de semaine prochaine, et bien là mon homme, c’est le début de la fin…
« Vois-tu Robert, je pense qu’on va se laisser »
Et là je ne vous parle pas des fins de semaine que j’avais la garde de Viviane, ma grande fille. C’est certain qu’elle venait en premier et que j’agençais mes horaires de vélo en fonction d’elle.

Alors ma blonde venait au troisième rang. Donc encore là, si ma blonde n’avait pas eu d’enfants, j’étais faite ! Elle n’y comprenait absolument rien et devenait immédiatement jalouse de ma fille à en faire des crises. Et si elle en avait déjà eu, et bien malgré cela, elle avait de la misère à comprendre que j’en suis aussi dédié. Ce qu’elles ne savaient pas, c’est que j’étais un homme rose issue du féminisme extrémiste des années 70-80 marqué au fer rouge et qu’il fallait que l’homme moderne sache s’occuper de sa marmaille. Sa mère n’avait pas marqué l’histoire du Québec pour rien avec sa recherche sur les rôles hommes/femmes dans les livres scolaires, que c’était les « Yvettes » qui s’occupaient de faire un gâteau pendant que papa lavait l’auto. Et comme les hommes de mon époque n’étaient pas du genre très maternel comme moi, ils étaient encore très nombreux à mettre leur blonde au premier plan devant leur fille, c’est le cas de le dire, bin, ça fait que…

« Vois-tu Robert, je pense qu’on va se laisser. Quand tu auras fini de coucher avec ton beucycle ou d’élever ta fille, tu me rappelleras ».

Le seul moment bien honnêtement, que je pouvais m’en tirer un peu et avoir une relation affective un peu stable était à partir du mois d’octobre jusqu’à la mi-fin mars. Comprenez-vous, à partir de fin mars, c’était les rondes téléphoniques des potes du club qui redémarraient en prévision des premières sorties printanières. Donc, le premier samedi d’avril, un matin de fin de semaine moche que ta blonde souhaite se prélasser au lit avec son chum, moi, bien fallait que je me lève à 6h 30 du matin pour pouvoir avoir fini de déjeuner à 7h, pour avoir le temps de digérer correctement avant mon premier coup de pédale à 9h qui, par-dessus le marché, était souvent à 1 heure de l’appart de chez ma blonde. Ehhhh! J’amenais tout mon stock de vélo chez ma blonde pour pouvoir dormir avec elle, non mais ce n’est-tu pas cute cela? Pour que nous puissions avoir une belle soirée sans que j’aie à la laisser par un bisou sur le perron de porte à 22h, même si c’est l’heure que je souhaitais me coucher pareil en restant chez elle! Non ! Ce n’est pas assez Robert. Moi Robert je veux être dans ton top of mine et je ne le ressens pas…. 
« Vois-tu Robert, je pense qu’on va se laisser » Ciboirrrrrrrrrrrr!!!
Alors voyez-vous, aujourd’hui j’ai quoi? 63 ans bien sonnés. Cela fait 5 ans que je suis avec ma blonde, j’en ai connu une qui a réussi à me toffer, quoi 3 ans? Pas mal n’est-ce pas? Donc, faisons un petit calcul rapide; 63-5 (ma blonde) - 3 pour la plus coriace que j’ai connue excluant ma blonde bien sûr - 30 l’âge de ma séparation = 25 ans pour faire un chiffre rond x 1 à 2 blondes par hiver parce rarement la même pouvait m’endurer tout un hiver, j’ai dû avoir, ma foi certainement plus de 25 blondes différentes ! Et dire que j’ai des amis qui se demandent encore comment se fait-il que je sois si habile en psychologie du comportement, dans les relations de couple? Bien voilà ! Vous savez maintenant pourquoi. Non, mais pensez-y une seconde. Aucune n’a été pareille! Aucune n’aimait les mêmes affaires, n’avait le même tempérament, la même personnalité. 

Mon coéquipier Alain était un gars encore plus maniaque que moi à l’entrainement. Il n’était pas le meilleur pour rien. Ses entraînements au gym se déroulaient sur 3 heures minimum alors que les miens en 1h et demie, tout était terminé. Une chance qu’il était là pour me pousser dans le cul. Non non, vous avez mal compris, pour me motiver je veux dire!!

Pendant des années, plusieurs années même, pendant pas mal plus longtemps que le temps que nous avons couru ensemble, on s’appelait régulièrement pour savoir comment allaient nos entraînements? Pis toé? T'es rendu où? Ouin, moi je suis encore là, etc., etc. On se donnait rendez-vous une fois par mois pour un entrainement ensemble un samedi ou dimanche dans le Gym de l’autre. On variait. Le mien sur la rive Nord et lui à Saint-Romuald sur la Rive-Sud. Nous nous donnions un peu en spectacle à suer à grosses gouttes sur nos vélos stationnaires. À une époque où personne ne s’entrainait vraiment aussi longtemps sur un vélo stationnaire. On était, disons pour eux, des Esties de sans-génie. Après une bonne douche ou sauna, on allait prendre un bon déjeuner à une place achalandée, question de zyeuter les filles un peu, puis après on s’en allait feuilleter à la librairie tous les magazines de vélo qui pouvaient exister pour décider lequel on allait acheter.

Nous ne connaissions aucun autre mode de vie que cela pour nous faire passer le temps durant l’hiver avant nos camps d’entrainement printaniers prévus à la fin mars. Fallait bien, les courses débutaient la dernière d’avril. Les bike sur le top de la Volks et on se dirigeait vers le sud de la Virginie ou en Caroline du Sud à Myrtle Beach pour être sûr d’avoir de la chaleur. On descendait toujours au même motel. La plage était belle et les routes au travers les golfs et les anciennes plantations étaient superbes.

Mon camp le plus mémorable sera celui de ma troisième année (1992). Les championnats canadiens cette année-là se dérouleront à Lac-Mégantic en août et je me fracture sévèrement une jambe en ski alpin. Tibia et péroné cassés en miettes, deux plaques 12 vis le 4 janvier au Centre de ski Stoneham!! J’en pleurais, ce n’est pas compliqué. Je vais tout manquer ma saison me suis-je dit. L’orthopédiste me conseille d’oublier le vélo pour l’année prochaine. Il se pourrait même qu’il me signe une incapacité de 10 % à la jambe droite si besoin était. Jean Garon, mon coach, était venu me consoler avec une couple de Penthouses et m’avait dit.
« Tu sais BOB, les médecins, y connaissent rien dans la réhabilitation des gars comme nous. Moi, je me suis cassé à peu près n’importe quoi, jambe, épaule, clavicule et je suis toujours revenu plus fort et plus tôt plusieurs semaines avant le temps prévu. Regarde ces magazines cochons, branle-toi aussi souvent que tu peux, cela fait baisser la pression, pis tu vas voir, tu sauras me le dire ».
Mon Dieu qu’il m’avait donné de l’espoir. Est-ce vraiment possible que je me remette si vite d’une telle blessure? Le médecin m’a dit que je serai dans le plâtre jusqu’à la fin avril…comment pourrai-je repartir en neuf après cela? C’est ridicule…

À la sortie de l’hôpital un peu plus tard, j’avais demandé à mon doc de me faire une bottine en fibre de verre pour mieux me déplacer. Je ne pouvais plus conduire mon char, alors je prenais l’autobus de chez moi pour aller au Gym. Je faisais de la muscu d’une jambe et je faisais du stationnaire pareil avec ma bottine. À vrai dire, je ne trouvais pas que j’étais si en retard que cela à la différence, que j’avais certainement une jambe atrophiée, diminuée musculairement à cause de ma bottine. À la mi-mars, 1 mois avant le délai du doc, Alain m’appelle un soir et me dit
« Eh Bob tu viens-tu en Caroline? » 
«Bin voyons Alain, es-tu malade!! »
« Bin non Robert, je te dis moi que tu es guéri, fais-toi scier ce plâtre-là et tu commenceras lentement. Tu iras de ton bord, tu moulineras en souplesse. Ça va même être bon pour toi, je te le jure. Faut bien que tu commences à un moment donné? Tu te souviens de ce que Jean t’a dit? C’est le temps d’arrêter de te branler. Envoye!! Déniaise, demande un RENDEZ-VOUS avec ton doc ! »
Je me rappellerai toujours de la face qu’il m’avait faite.
«Quoi!! Monsieur Harmegnies, vous savez bien que vous n’êtes pas prêt ! Je vais prendre une radio pour voir, mais je suis certain… Et bien Robert, ce n’est pas si mal votre affaire »
«Bon ! Alors voyez-vous? Je vous l’avais bien dit hein docteur! »
« Écoutez ne commencer que très lentement. Vous pourriez vous recasser tout cela dans un trou de visse, on ne sait jamais. »
« Ne vous en faites pas docteur, cela fait déjà des semaines que je m’entraîne »

Évidemment, il n’était pas question que je marche là-dessus immédiatement. Je n’avais plus de masse musculaire dans le mollet, j’avais la jambe bleue, rouge vin, et les cicatrices et les os me faisaient mal. Je me suis loué une paire de béquilles et je me suis pris une couple de rendez-vous chez mon acupunctrice. Thérèse avait souvent fait des miracles avec moi et je savais qu’elle pouvait apaiser mon mal. Quand elle m’a vu, son diagnostic était clair. Fallait travailler pour refaire passer l’énergie dans ma jambe. Tout était bloqué comme ils avaient l’habitude de s’exprimer. Piqué à la jambe comme un porc-et-pique dans sa salle d’attente, parce qu’elle n’avait pas de place pour moi sans RV, ma jambe est revenue à la vie juste avant mon départ. 

Vous vous imaginez? La première journée, j’en ai fait 5 minutes. Cela me faisait terriblement mal. Le lendemain 10 et ainsi de suite, jusqu’à la dernière journée du voyage, où je m’étais élancé sur 100 kilos à plus de 35 à l’heure. À mon retour au motel avant les gars bien sûr, je déposais mon bike à la réception, et ce sont eux qui le montaient à la chambre au 2e à leur retour. Moi, je prenais l’ascenseur, je me mettais en costume de bain et je faisais du PR sur la plage. J’allais dans l’océan en béquille me faire frapper la fracture par les vagues d’eau froide. Cela me faisait terriblement de bien. Cela équivalait à se mettre de la glace après une vilaine blessure. Cela agissait pour diminuer l’inflammation. C’est ainsi que j’ai connu Daisy Hines, une ancienne championne américaine du 400 mètres tout comme moi, du Michigan State.

J’avais installé mon campement pas très loin d’elle et comme tous les athlètes de haut niveau, elle était bien curieuse de savoir ce qui s’était passé avec moi amanché de même avec ma petite casquette de vélo comme seule protection sur le crâne ! Daisy avait connu cela les blessures durant sa carrière. D’ailleurs, elle était en convalescence pour accident de travail dans le sud, diagnostiquée d’une espèce d’arthrose sévère en raison de son travail répétitif sur une chaîne de montage automobile à Détroit. On a placoté longuement de nos expériences respectives pendant que les gars roulaient. Je n’en revenais pas qu’une athlète de si haut niveau, qui avait tout raflé dans le milieu universitaire américain en track and field pour l’université du Michigan, qui avait fait partie de l’équipe nationale américaine aux olympiques de Montréal, se ramasser sur une chaine de montage, parce qu’elle était issue d’universités à l’époque qui recrutaient avec de fortes bourses d’études des étudiants pour leurs talents d’athlètes davantage que pour se soucier de leur avenir post universitaire. Anay way, elle était un bon public pour toutes les niaiseries que je faisais sur la plage. Elle riait constamment et sa fille de 12 ans Méoucha trouvait assez étrange de voir sa mère s’attacher à ce « Curious and fucking crasy White man from of Canada». C’est comme cela que je l’avais entendu me décrire à sa mère au début. Je n’ai jamais pu la gagner. Elle me regardait constamment avec un regard méfiant et me faisait de la bonne façon, parce que sa mère lui avait exigé d’être polie avec moi. Quand Pierre, un ami qui nous avait accompagnés revenait de vélo avec Alain en milieu d’après-midi, moi et Daisy avions déjà plusieurs petites Coors en arrière de la cravate. Au point qu’une journée, nous avions organisé une course de 100M en partant de nos chaises vers la mer. Ah ce que nous avions ri. Nous l’invitions avec les enfants à souper avec nous le soir sur notre terrasse. Je dois avouer que nous nous sommes épris un peu de l’un et l’autre. Je vais m’abstenir de vous raconter trop dans le détail nos petites sorties nocturnes avec sa camaro noir chaussée en 16 pouces, suspension renforcie, les fenêtres en buées, parce que les soirées sont encore fraîches vous savez au printemps dans les ciné-parcs ! J’ai souvent repensé à elle comme aujourd’hui. Je me suis toujours demandé ce qu’elle était devenue. Même que plusieurs années plus tard, en retournant en Caroline pour toujours les mêmes raisons avec un autre ami, je lui avais demandé de m’arrêter à Fayetteville sur notre chemin en descendant. Je savais qu’elle s’y était installée, et j’avais épluché l’annuaire téléphonique et fait quelques téléphones sans succès. J’ai malheureusement une couple de relations comme cela dans ma vie que j’ai mal gérée, avec des femmes avec qui j’aurais dû mieux fermer la boucle. Du travail inachevé.

Je ne dois pas me montrer trop sévère envers moi-même par contre. Oui, il est vrai que je ne me suis pas toujours investi totalement dans plusieurs relations pour toutes sortes de raisons. Il y en avait certes quelques-unes, que c’était comme je disais tout à l’heure, « Bob, elle n’est pas parfaite, pas tout à fait ton genre, mais avoue ! Elle est gentille, généreuse et elle fait bien l’amour ! Bonnnn J’en vois me faire la grimace là, me traiter de nom. Êtes-vous certain de ne pas avoir jamais fait cela, ne serait-ce qu’avoir baissé votre garde un soir de party ou après un souper bien arrosé? Avec un mec ou une fille qui n’était pas votre genre, mais qui avait un tit quelque chose, un petit je ne sais trop quoi, et vous l’avez laissé vous embrasser longuement, très longuement même? Oui heinnn. Bon ! J’aime mieux cela de même. Je vais pouvoir vous en conter d’autres alors. Sinon fermer vos petites oreilles prudes, je vais vous choquer à nouveau.

Vous savez? Malgré tous mes défauts, il y en avait beaucoup à qui je plaisais, vous savez. Écoutez, elles ne m’auraient pas appelé chérie, mon ptit chou, cœur, bébé pour rien pendant une couple de semaines ou mois avant de me balancer?

Non ! Je vous le dis, deux choses l’une. Soit que je ne cadrais plus dans leurs plans de vie de couple à long terme et valait mieux arrêter tout cela là, ou encore c’était le mois d’avril qui arrivait. Parfois, c’était bien avant le mois d’avril. Le simple fait de me voir partir pour le gym à la fin de mon travail, à presque tous les jours, était suffisant pour les faire appréhender l’été, seule à aller se faire bronzer sans son chum…. pas troc chic cela! Ah je faisais de gros efforts, vous savez. Avec certaines je me disais, wow ! Comment vais-je faire pour la garder celle-là?
« Non, écoute ma chouette, ce n’est pas bien long mes entraînements, tu sais. En 3 h ou 4 heures c’est fini le vélo, tu sais. Je vais être là tout l’après-midi avec toi. On va faire tout ce qui te plait, on va souper ensemble un peu plus tard… On a du fun hein, tu ne trouves pas? Je vais te faire des gros colleux comme t’aimes en plus… »
« Non vois-tu Robert, je ne sais plus, ahhhh ça ne marchera pas, je pense qu’on va se laisser »
Christ de Calice de Tabarnac ! Non non c’est à moi que je parlais de même. C’est la réaction que j’avais quand je me ramassais avec ma brosse à dents et quelques chemises dans mon char.

Cela ne vous est jamais arrivé? Sentir qu’il aurait fallu que vous abandonniez tout pour madame ou monsieur? J’ai toujours cru qu’il y avait un peu d’enfantillage là-dedans. Cela n’existe pas l’homme et la femme parfaite. Oui? Arrêtez-moi cela. Dans tous les couples, faut faire des compromis, et ce, même chez les couples parfaits… en apparence. Et je ne peux pas croire qu’un cycliste comme moi ne peut être heureux qu’avec sa jumelle. La coriace que je vous ai parlé tout à l’heure qui m’avait toffé 3 ans, vous vous souvenez? Bien elle ne faisait pas de vélo elle. Elle n’était pas super sportive non plus. Elle adorait la pêche par exemple et je dois dire que j’ai dû accepter de sacrifier quelques fins de semaine de vélo pour quelques voyages de pêche, assis dans une chaloupe pendant 6 heures à taquiner la truite à pluie!! Puis après? Ce n’est pas grave, c’est sûr que je bougonnais au début, mais une fois là-bas après une bonne douche devant le foyer avec un ptit blanc bien frappé dans un petit chalet en bois rond, Bob, y s’en sacrais-tu de sa sortie de vélo avec ses potes!

Madame adorait faire du jardinage. Lorsqu’elle arrivait de travailler elle, sa passion était de jardiner sur son terrain une couple d’heures ! Hey Big deal, moi chérie je pars en vélo. As-tu un problème avec cela? Non mon amour, c’est bin correct. Vous devez bien vous demander kossé qui s’est passé avec elle hein? Bin imaginez-vous donc, que elle, elle n’en avait pas eu d’enfants elle, et avec le temps, elle est devenue comme jalouse de ma fille. Or, un soir que nous nous étions un peu chicanés sur un conflit d’horaire entre elle et ma fille, j’avais osé lui répondre 7/10 après qu’elle m’eut demandé combien je l’aimais? Savez-vous ce qui s’est passé après? Bien dans le temps des fêtes qui avait suivi, madame s’était envoyée en l’air lors d’une fin de semaine de ski-doo avec un collègue de travail, juste pour me rendre jaloux m’avait-elle dit, après qu’elle s’eut arrangé que je le découvre!! Alors plutôt que de la supplier de rester avec moi, comme elle aurait souhaité que je fasse, j’ai ramassé ma brosse à dents et mes chemises et j’ai levé les feutres!

Bon ! Je ne vous conterai pas les histoires des 49 autres quand même. On ne s’en sortira pas. Celle-ci, je trouvais qu’elle en valait le coup. Juste pour illustrer comment il peut être difficile pour un sportif invétéré de se trouver une blonde.

Le pire dans tout cela, savez-vous quoi? La majorité pour ne pas dire toutes celles qui mon sacré là, parce que je faisais trop de vélo, j’élimine celles qui avaient raison de me laisser parce que je pette ou que je me mets le doigt dans le nez, bien elles ont toutes regretté l’avoir fait ! Bon, regarde-moi donc le macho qui parle. Par exemple, celle que je viens de vous raconter, savez-vous quoi? Elle m’a pourchassé pendant presque 2 ans pour me traiter de noms, parce que je ne voulais pas revenir, parce que c’était de ma faute si tout cela lui était arrivé? C’était moi qui avais pris le pénis du gars et qui l’avais mis entre ses jambes!! Non, mais…

Pas de farce, j’ai des défauts, je le sais. Je ne dis pas que des filles n’ont pas eu raison de me sacrer-là, parce qu’elle ne pouvait plus blairer que j’aie une Corolla par exemple, plutôt qu’une BM, eh oui cela m’est aussi déjà arrivé. Et savez-vous quoi? Le prochain qu’elle a eu et qui avait une BM, bien lui, ne bandait pas ! Pensez-vous que je l’envie moi? Mon autre blonde que j’ai eue après elle était une nymphomane ! Non, mais la vie est-tu bien faite!

Plus j’y pense, plus je me dis que j’ai fait pendant longtemps tout ce qu’il m’était possible de faire pour me trouver une blonde.

En conclusion, se trouver une blonde ou un chum est assez difficile vous ne trouvez pas ?  Je dirais que c’est comme cuisiner un bon repas ou avoir une nutrition équilibrée. Cela se compare assez bien je dirais. Çà prend des légumes, un peu de viande, des poissons, des céréales et fibres, des huiles essentielles et beaucoup de fruits. Comme dit le guide alimentaire, manger en choisissant les bonnes quantités et types d'aliments recommandés parmi les 5 grands groupes alimentaires.

Je ne suis pas psychologue, mais les grands groupes alimentaires qui nourrissent une saine vie de couple tournent autour des 6 dimensions suivantes: 

Apparence, sexe et pratiques sexuelles;
Culture et connaissances (l’intellect);
Travail et loisirs;
Santé mentale et le caractère;
Alimentation, hygiène et habitudes de vie;
Argents et finance.

Inconsciemment, et le problème est là pour beaucoup de personnes, nous cherchons trop souvent l’homme et la femme parfaite. Une fille qui baise de toute les façons, qui en reveut tout le temps, qui s’intéresse à l’actualité, à ce qui se passe dans le monde, qui a un travail qu’elle aime et qui lui permette de se gâter à l’occasion, qui est facile à vivre, en contrôle de ses émotions, pas trop émotive, souple et généreuse de sa personne, capable de s’affirmer et d’assumer ses erreurs, qui aime la bonne table, une nourriture variée, mais pas trop compliquée, pas trop en désordre, qui tient bien maison, mais sans n’en fait une obsession, et qui fait des sports, particulièrement du vélo ! MAIS OÙ EST-ELLE CALVAIRE CETTE FILLE QUE JE LA MARIE TOUT DE SUITE!!

Moi aussi je l’ai cherché longtemps cette femme presque parfaite, mais je me suis vite aperçu que je me rendais malheureux à chercher cette femme idéale. Combien parmi vous tous ne donneront pas leur corps à la science, ne s’abandonneront pas, ne s’enverront pas en l’air, ou vont plutôt préférer « ne pas faire l’amour » tant et aussi longtemps qu’ils n’auront pas réuni les conditions gagnantes? Que de filles ai-je rencontrées qui s’accrochaient à ce rêve. Combien de fois ai-je dû débattre de la question en vain avec des femmes que j’aurais souhaité garder, parce que je n’offrais pas assez de ceci ou de cela ou trop de ceci ou de cela? J’avoue que mon côté colon m’a souvent joué des tours, mais ma blonde a vite compris qu’en arrière de mes élans se cache un gars qui a beaucoup de classe. Que j’agis de même finalement juste pour provoquer.

J’entends souvent des gens dire, « vous savez en vieillissant ou à l’âge qu’on est rendu, on sait ce qu’on veut. En deçà de cela, plus question ! » Bien, il est un peu là le problème, je vous dirais. À 30 ans, on a amplement le temps de se camper dans ses positions, mais quand vous atteignez les 45, 50, fin cinquantaine comme ce fut le cas pour moi, comment croyez-vous que je suis arrivé à arrêter mon choix sur Line, ma blonde en ce moment? Pensez-vous sincèrement qu’elle est la femme parfaite?  Oh que non. Alors qu’ai-je dû faire selon vous? Et bien je vais vous le dire. En réfléchissant à tous les aspects de notre relation à deux, de ce que je connaissais d’elle et de moi-même dans les 6 grands groupes alimentaires de la vie à deux, et bien j’en suis arrivé à la conclusion qu’elle était le plat parfait, le mélange parfait, même s’il elle aurait pu être meilleure s’il y avait eu un peu plus de ceci ou un peu plus de cela. Évidemment, pour en arriver à savoir qu’est-ce qu’on veut manger régulièrement, il faut avoir expérimenté tous les types de cuisines, sinon il est bien difficile de faire le bon choix. C’est pour cette raison que je trouve parfois risqué, même si cela pourrait marcher, que dès leur jeune âge des jeunes arrêtent d’explorer d’autres cuisines et font le vœu de s’assoir à la même table pour la vie. C’est un peu pour cela également que lorsque ça casse un peu plus tard, on les voit souvent tomber dans l’excès. Ils se mettent à manger du chinois, c’est le cas de le dire, 3 fois par semaine.

Je ne suis pas à l’abri non plus de me retrouver au resto un jour et qu’on me propose un gâteau au chocolat cerise full cochon, mais comme je suis céliaque vous savez, je préfère m’abstenir. Je le sais ce qui arrivera si je déroge, je vais perdre mon bien-être intestinal et toute mon énergie. Alors c’est un peu la même chose par rapport à ma blonde.


Même si je rencontrais la déesse parfaite physiquement, disons, qui me ferait passer pour l’homme le plus chanceux du monde en déambulant avec elle sous le bras, je sais très bien que cela ne me servirait à rien d’y gouter. Je préfère ma Line sans même y réfléchir plus longtemps. That’s it! Pourquoi? Parce que je sais que de me nourrir que du gâteau au chocolat, y a pas à dire, je n’irai pas chier loin ! Ça va devenir indigeste ou bon que momentanément. Je le sais. Je l’ai déjà fait autrefois lorsque je manquais d’expérience, bon ok, disons de maturité. Êtes-vous contentes les filles? Bien oui, je le sais que c’est vous mesdames qui riez davantage de cette précision de ma part. Normal…ma mère m’a toujours dit que les filles étaient plus vieilles que les gars au même âge. Ça doit être pour cela qu’on les prend un peu plus jeunes et vice versa :-).


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(À suivre... dans une semaine)

Coach BOB la gazelle!
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Aussi un rouleur!

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Note de l'auteur

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