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mercredi 9 janvier 2019

Le vélo a sauvé ma vie - Chapitre 8

Si vous n'avez pas lu les premiers chapitre, suivre ce lien

Chapitre 8
Le vélo, un mode de vie, une obsession, une maladie incurable :-)

1995, j’ai 40 ans, je suis responsable du Marketing pour Métro-Richelieu, l’une des plus importantes chaînes alimentaires au Québec. Je demeure toujours en plein centre-ville dans le Vieux-Port de Québec, ma fille a 13 ans n’est plus un bébé, j’en ai toujours la garde toutes les fins de semaine et cela ne me dit plus rien de courir à vélo. J’en ai fait durant 5 ans sans graves accidents. Je suis un peu fatigué de ce rythme de vie et je me dis qu’il est temps de penser un peu plus à moi. J’ai su très bien rebondir professionnellement. Ma période sans emploi n’est plus qu’un lointain souvenir derrière moi. Après mon séjour en agence de pub à m’occuper du développement des affaires et à confronter des spécialistes en marketing autour d’une table dans l’élaboration de stratégies marketing de toutes sortes pour les clients que je dénichais, je me suis retrouvé par la suite parmi des carriéristes chez Métro, où tout un chacun devait atteindre des objectifs pour maintenir la cohésion d’une équipe de professionnels focusés à anéantir la compétition. C’est la guerre dans l’alimentation au détail. Je ferai ce travail chez Métro et IGA leur concurrent, en passant par un poste de directeur de la distribution et des ventes chez un fabricant de bière, Unibroue à Québec, pendant 10 ans. Je dois voyager plus et j’ai moins le contrôle de mes horaires. J’ai réussi à courir tout de même une couple d’années avec ce genre de travail, mais je trouvais cela de plus en plus difficile. Je suis toujours célibataire et il serait tant que je sorte au resto plus souvent question de savoir quel type de nourriture me plait.

Le vélo et mes entraînements en salle l’hiver resteront au centre de ma vie. Comment dire. Ce sport m’a façonné, a refait les fondations de ma personne. Si çà brasse au travail disons, que je suis surchargé, j’ai un collègue qui empiète un peu trop sur mon territoire, qui veut se montrer plus fin que moi par exemple. Et bien, 3 heures sur mon vélo à faire le vide, à m’amuser avec les cyclistes que je rencontre sur mon chemin, qui sont de plus en plus nombreux d’ailleurs, suffiront pour me remettre les idées à la bonne place. La rage ou les contrariétés du travail sont dissipées. Je trouve facilement le sommeil. Je rentre au travail à 7h 30 du matin pour me préparer à une réunion d’équipe prévue à 9h, je présente aux VP de la direction le plan de redressement du magasin qui m’a été confié et je convaincs tout le monde de me suivre, incluant celui qui se croyait plus fin que moi. Ce n’est pas tout. Je dois livrer la marchandise. Si j’ai convaincu la compagnie d’investir quelques centaines de milliers de dollars conjointement avec un franchisé, j’ai besoin d’analyser mes affaires d’aplomb et prouver que c’en a valu la peine. Vous me suivez? Autrement, c’est dehors mon homme! J’ai fait cela pendant 10 ans et maintenant je le fais depuis 15 à mon compte. Si je me retrouvais aujourd’hui devant un psychologue industriel et qu’il me demandait à quels facteurs j’attribuerais tous les succès que j’ai connus dans ma carrière et qui m’ont permis de surmonter les difficultés que j’ai rencontrées sur mon chemin, je répondrais du tact au tact, le sport monsieur.
«ah oui vous faites du sport? Lequel pratiquez-vous? »
«Le vélo monsieur, le vélo ! » 
Pas mêlant, le vélo a sauvé ma vie. Pour soutenir cette thèse, je pourrais vous référer à plusieurs articles qui portent sur le sujet comme les bienfaits des hormones générées par la pratique sportive telle que les endorphines, dopamines, l’adrénaline et la noradrénaline. On raconte en plus que ce sont les sports de type cardio qui en produisent le plus. Alors vous voyez? Je carbure à cela depuis 32 ans.

«L’Endorphine est comme un groupe de neurotransmetteurs dont la structure ressemble à celle de la morphine. Ces puissants antidouleurs procurent une source de plaisir autorisant ainsi la poursuite de gros efforts et l’euphorie ! Quant à la Dopamine, celle-ci est l’hormone du plaisir et de la vigilance, grâce à celle-ci on se sent moins fatigué et plus productif. Elle est aussi secrétée lorsque l’on consomme de l’alcool, de la drogue ou encore lors d’une activité sexuelle. Ayant des conséquences excellentes et bénéfiques sur tout notre organisme, l’endorphine ainsi que la dopamine peuvent nous rendre dépendants au sport. »  Voilà ! Que dire de plus. 

J’en avais tellement à dire sur le sujet que beaucoup d’années plus tard, soit en 2011, j’ai créé le Blogue « Rouler à Québec » qui se voulait pour moi une façon de donner au suivant. Le vélo était devenu tellement populaire, que je me suis servi de ce véhicule pour organiser des sorties de vélo avec mes amis, mais aussi pour raconter des anecdotes, de la fiction, des récits sur la vie du cycliste ainsi que des capsules éducatives.

J’en avais d’ailleurs écrit un à une certaine époque qui décrivait bien la maladie avec laquelle j’étais aux prises…

« Je vous ai dit la semaine dernière que j’étais parti à l’extérieur pour une fête de famille n’est-ce pas et que je ne pouvais pas faire de vélo. Et bien je vous ai menti ! J’avais plutôt un rendez-vous à Portland pour une thérapie de groupe pour les cyclistes invétérés. Les mordus quoi ! Cela faisait longtemps que j’entendais parler de cette association « the Narcissistic and Egocentric Cyclists Association of the United States » The NECA comme y disent ! Drôle en batinse, parce que j’ai poigné le kick sur une petite Américaine et je n’arrêtais pas de lui dire que je la necquerais au boutttt et elle me regardait d’un air bizarre. Yes yes Neca, Necquez?…you see? Anyway ! Il m’arrivait de lire à l’occasion des éditoriaux à propos de cette gang de malades dans des magazines américains et cela me faisait rire plus qu’autre chose. Souvent sur des sujets insipides…mais bon, j’ai participé à un concours récemment avec eux paru dans Bicycling Guide et j’ai gagné, imaginez-vous, un week-end de thérapie de groupe avec eux à Portland. Pas Portland Maine, Portland Oregon! Nous étions environ une cinquantaine de cyclistes de tous les âges, hommes et femmes. C’est ce que je trouvais très intéressant d’ailleurs, je me suis ramassé une couple d’adresses de gros gabarits hihihihih…Non mais y sont-y grosses les Américaines même entraînées ! Je dois dire que j’ai trouvé cela HYPER intéressant et surtout super enrichissant ! Je ne croyais pas être malade autant que cela ! Ça fait du bien d’être entouré de plus fous et folles que soi hooooooooooo yessssss ! On a fait de l’introspection personnelle, des exercices de détente, des brain strorming sur toutes sortes de thèmes, des tests psychométriques, de personnalité, des scanneurs neurologiques, m’a vous dire rien n’a été pris au hasard. Finalement, ce qui est le plus le fun là-dedans, c’est qu’on t’encourage à te laisser aller dans tes délires et on te donne à la fin de ta session un certificat attestant que tu es un « parfait déviant cycliste invétéré » ! Je vous fais grâce de la traduction, mais ça ressemblait à cela ! « Parfait déviant cycliste invétéré »

Alors, j’ai pensé vous faire partager quelques éléments de moi qui sont ressortis de ce week-end, mais aussi des autres amis(e) que je me suis fait. Wowww que je suis heureux d’avoir pu enfin découvrir ce qui se passe en moi, de découvrir ce qui me pousse à persévérer dans la même voie jusqu’à ma mort ! Le cyclisme d’entraînement mannn ! Le cyclisme d’entraînement mannn !

Cela me prend beaucoup de courage aujourd’hui pour vous dévoiler tout cela ! Cela prend beaucoup d’humilité, parce que ce n’est pas toujours chic ce qu’on apprend sur soi. Mais bon, cela faisait également partie des objectifs du séjour. Lorsque j’ai dit à la gang que j’avais un blogue sur le vélo, que je leur ai montré… wowwww le prof m’a dit « Bob, you must talk about that whith your community when you will be back up there» tu dois te dévoiler à toute ta communauté. C’est donc l’objectif final que la gang de malades m’a confié avant de partir !

Alors sommairement ce qui est ressorti de mon profil de personnalité ainsi que de l’ensemble du groupe on s’entend là, puisqu’il y avait plusieurs traits qui se recoupaient entre tout le monde. J’espère que vous saurez vous reconnaître dans les quelques traits du cycliste sportif invétéré que voici:

Premièrement, sa montre ne sert qu’à…;
  • Connaître le temps qu’il lui reste à travailler;
  • Prévoir son heure de lunch avant le début de son entraînement;
  • Estimer s’il a eu suffisamment le temps pour digérer;
  • Prévoir le temps qu’il lui faudra pour se préparer avant son heure de sortie;
  • Prendre ses pulses ou pour estimer son horaire sur son bike;
  • Vérifier s’il s’est poigné le moine durant sa sortie;
  • Dès son levée, il regarde dehors pour savoir la température qu’il fera. Son mécanisme psychique établit instantanément l’horaire de sa journée en fonction de ce premier stimulus. Si la température n’est pas suffisamment concluante du regard, l’ouverture de sa page Internet par défaut est la météo; les cartes radars viendront clore la question définitivement l’horaire de la journée est d’ores et déjà établi.
  • Quand il doit travailler ou être contraint à des priorités et que, tout à coup, par la fenêtre, il aperçoit un cycliste… CATASTROPHE… la « pression » monte, il ressent des chaleurs, a de la difficulté à se remettre à la tâche….
  • Personne pour rouler... Pas grave, il part pareil... Pas de challenge de la part de quiconque...et la vie est toujours belle pendant des heures. Il ne ressent aucune pression...

Non, mais ce n’est pas beau cela? C’est tout moi craché !
  • Il planifiera ses voyages de vélo avant tout autre genre de vacances et en plus, il planifiera d'abord la place qu'occupera son vélo, plutôt que son chien ou un de ses proches qui l’accompagne!...
  • Un mauvais réglage sur sa bécane l’irrite au plus haut point et chambardera tout son programme d’activités de la journée pour faire ajuster cet estie de problème-là a à sa shop, s’il est incapable de régler le problème lui-même !
  • Est très fidèle et constant dans ses habitudes de rangement d’accessoires. Ses lunettes, odomètre, gants, casque, chambres à air. Bien mal venu celui ou celle qui décidera de faire le ménage là-dedans. D’ailleurs, pour s’assurer que tout est bien en ordre, il fera une vérification de ses inventaires régulièrement et surtout, regardera son bike plusieurs fois dans une même journée ! Pourquoi? JUSTE parce qu’il aime cela ! Voilà ! Il est tellement beau son Bike !

 Dans mon cas, tout ce qu’il y a de plus vrai après m’en être fait voler une couple !
  • N’hésitera pas à se faire plaisir en achetant un accessoire de vélo au détriment d’un autre article de maison ou quoique ce soit de plus utile ou accommodant pour sa vie de tous les jours, genre une TV, des verres, un article de cuisine, à la limite un beau cadeau pour sa blonde;

Non, mais commencez-vous à vous reconnaître? Je dois dire par contre que cela a été le plus gros morceau à accepter par le groupe…de toute façon, le prof nous a presque menacés si on ne disait pas oui à cet énoncé !
  • Marchera au doigt et à l’œil avec sa blonde ou chum. Lui accordera avec plaisirs toutes sortes de faveurs en échange de sa liberté accordée pour rouler avec sa gang. Dans les autres cas, il ou elle est un(e) éternel célibataire en saison pour reprendre les amours lors de la saison froide;
  • Surveillera étroitement son alimentation avant une ride et évitera toute prise d’alcool, mais fera preuve d'un net relâchement après, sous prétexte que les calories perdues méritent d’être reprises au PC !
  • Malgré ses préoccupations pour bien manger, ses breuvages en électrolytes et boissons de récupération lui provoqueront des ballonnements et des gaz que lui-même a de la misère à sentir !
  • Chez l’homme, il se rasera les jambes s’il fait partie d’un club élite ou s’il s’en croit un. Quant aux autres poilus, ils ont dans leur mire les rasés pour leur donner une bonne leçon si l’occasion se présente, ou resteront pénards parce qu’ils ne veulent surtout pas faire face à l’échec !
  • N’est jamais au sommet de sa forme s’il ne performe pas lors d’une sortie avec ses potes… ou il aura connu un problème de mécanique qui l’a définitivement ennuyé.
  • Radote toujours les mêmes affaires lorsqu’il voit ses potes, surtout qu’elles concernent des exploits qui ressemblent constamment à des histoires de pêche, c'est-à-dire des performances invraisemblables. 
  • Le cycliste de haut niveau est un être foncièrement narcissique qui se trouve bon, voire excellent, meilleur que ses pairs… et c’est bien ainsi parce qu’autrement, il acceptera trop facilement la défaite et ne se relèvera pas pour revenir plus fort !
  • Est hyper techno avec son nouveau GPS qu’il vient de se procurer sur son guidon et qui lui rend compte de ses exploits.
  • Vit en parfaite harmonie et symbiose autour d’une bière avec ses potes après une ride; le lien unissant le clan favorise le positivisme et l’encouragement mutuel à poursuivre son travail pour devenir meilleur ou pour se maintenir au même niveau. Une règle non écrite interdit tout dénigrement « sérieux » d’autrui. Mais il est tout à fait acceptable de « s’écœurer » pour préparer la prochaine sortie ou pour passer des messages.
  • Pour briser l'isolement, il fait partie de tous les regroupements inimaginables...genre les Maniaques de Vélo Anonyme (MVA), The Narcissistique and Égocentric Cyclists Association (NECA), Bicycle Horizon, Sport-En-Tête, soit tous les clubs de vélo organisés.

… Et ce dernier trait que J’ai souvent abordé avec vous tous...

Est une personne combative avec beaucoup de caractère. Plus il excellera dans son sport, plus il excellera dans sa vie privée et professionnelle. La compétition de vélo, comme pour tous les sports, le rend invincible pour traverser les pires épreuves de la vie, comme se faire sacrer là par sa blonde ou chum, parce qu’il ou elle a fait trop de vélo.

Alors voyez-vous, de toutes les grandes étapes de la vie, celles que nous considérons ordinairement chez les gens pour juger s’ils sont stables ou pas, le temps qu’ils occupent un même emploi, qu’ils demeurent au même endroit, la durée de leur mariage, union, etc., c’est le vélo qui est mon port d’ancrage. Cela fait 32 ans qu’année après année que j’entreprends le même cycle de vie. Un peu comme un ours qui hiberne et qui, au printemps, sort de sa tanière et demeure fidèle à son rituel de chasse. C’est le vecteur, ma ligne de vie. Depuis 32 ans qu’en octobre, je remise mon vélo au sous-sol, le cœur gros me disant « bon, en voilà une autre de terminée ». Je suis content. Elle s’est bien déroulée ma foi. Combien de kilos ai-je faits ? 6, 7, 8, 9, 10 000 kilos? Cela me fait grosso modo, quoi, 225 000 kilos au compteur? Plus encore que tous les chars que j’ai eus. Aucun n’a toffé aussi longtemps. Ils ont tous brisé avant et pourtant moi, en ce moment, j’ai juste hâte à la prochaine saison encore et encore.

Cela m’a pris 14 ans avant que je me décide à m’inscrire dans des clubs de vélo sportif de ma région. Je fais partie de trois depuis plus de 10 ans maintenant. Je ne sais pas trop pourquoi j’ai attendu si longtemps avant de rejoindre ces clubs. C’est comme si ma famille n’avait pas pu être ailleurs qu’avec mes chums du Club de compétition, qu’aucun autre club ne pouvait me procurer autant de satisfaction, d’émotions surtout, comme le veuf qui ne se remettra jamais de la perte de sa vieille. Il va préférer mourir seul, plutôt que de se remarier.

Faut dire que les Clubs de vélo n’étaient pas aussi bien organisés qu’aujourd’hui. En plus, j’avais mes parcours que j’aimais faire en semaine comme la fin de semaine et surtout au moment que cela me plaisait. Lorsque je revenais du travail en vitesse, l’esprit déjà envahi par le trajet que j’avais en tête, il n’était pas question que j’attende après quelqu’un. Pour moi le vélo est signe de liberté. Je pars quand je veux, je reviens quand je veux et je fais l’entrainement que je veux. Il est difficile de décrire ou d’expliquer cette sensation qu’on ressent lorsqu’on revient chez soi après une dure journée de travail pour une ride de vélo. La même sensation qu’on ressent lorsqu’un flirt nous appelle à la maison pour te dire qu’elle va passer te dire bonjour. Tu deviens comme nerveux, tout énervé, fébrile, oui c’est cela fébrile ! C’est comme cela que je me sens avant d’enfourcher ma bécane. 

Chaque entrainement en solitaire que j’ai fait toutes ces années revêtait toujours une forme de mystère. Je ne sais pas vraiment comment je vais me sentir aujourd’hui, vais-je avoir de bonnes jambes, vais-je rencontrer d’autres cyclistes? Un ami, un ancien pote, ou un parfait inconnu qui voudra se mesurer à moi?  Cette fébrilité provenait certainement de toutes ces questions sans réponse, qui me hantaient tant et aussi longtemps que je n’étais pas réchauffé après être sorti de mon quartier.

Voici un autre petit texte qui décrit assez bien cette fébrilité dans mon quotidien de tous les jours… 

« J’ai du millage au compteur. La forme est là, malgré mes ptits bobos qui, au fil du temps, viennent m’incommoder. Je vieillis c’est sûr. Je n’ai plus forme d’antan. Mes meilleurs résultats Strava sont depuis longtemps inatteignables. À vrai dire, je m’y éloigne toujours plus, année après année. Je me console en me disant que tous les gars et filles de mon âge sont frappés par cette dure réalité. On ne peut plus revenir en arrière. Il faut juste regarder en avant.

Cela fait deux jours qu’il ne fait pas beau. Je ressens le ressac de l’inactivité. Comme somnoler de bonne heure en soirée parce que je n’ai rien demandé à mon corps dans la journée. Il n’a pas reçu sa dose d’endorphine. Je ne me sens pas vraiment bien intérieurement. Je me couche le soir un peu anxieux. Je me demande ce qu’il fera demain. Va-t-il faire beau? Mon programme est tout chambarder. J’aurais tellement souhaité travailler ma position en souplesse sur faux plat montant, vérifier ou j’en suis en résistance sur un plus gros braquet. Puis, s’il ventait moins, peut-être souhaiterais-je aller chercher du dénivelé? Il me semble que cela fait un ptit bout de temps que je n’en ai pas fait. Je sais qu’il faut que je m’y remette. Je sais que j’ai des sorties qui s’en viennent, qui m’en demanderont.

J’ai une grosse journée de travail demain. Comment vais-je m’y prendre s’il fait beau? J’ai de la misère à m’endormir. Mon esprit voyage entre une ascension dans un col et ce travail complexe pour un client que je n’arrive pas à finir, parce que je surfe constamment sur la météo à la recherche d’une percée de soleil. Il est minuit, je vire en rond encore parce que je ne sais pas comment je vais entreprendre ma journée demain.

6h du matin. Mon réveille sonne. C’est mon heure de lever. Le temps s’est semble-t-il éclairé. En sirotant mon café, Météo Média annonce un dégagement en PM avec un peu de chaleur, mais le mauvais temps revient les jours suivants!! Christ de calice ! Mais dans quel pays de merde vivons-nous? Mon disque dur tourne à pleine vitesse. Comment vais-je m’organiser? Ma blonde me demande si je veux un smoothie? Heu Heu…quoi? Oui oui chérie. Je ne suis pas vraiment là. Heureusement, elle le sait ce que je mijote. Elle vient d’entendre la météo à la radio elle aussi. Elle sait ce que ça veut dire pour moi et pour elle aussi tant qu’à faire. Sans que je m’en sois aperçu, elle a fini de déjeuner. Son manteau sur le dos, elle vient m’embrasser pour me souhaiter bonne journée.

Il est 7h30. J’ouvre mon ordi. Je sors cette job à faire. Je suis tout excité à la seule pensée que je pourrai sortir. Je me raisonne. En ni un ni deux, il est 10h. Je me suis pas mal avancé. Je dirais pas mal plus que je ne l’aurais cru. C’est donc l’heure de la pause. Je l’ai mérité. Je cale un grand verre d’eau. Je descends en bas. Je monte mon bike à l’étage. Je gonfle mes pneus, huile ma chaîne et prépare mes bouteilles. Bon, je suis prêt ! Je retourne à mon travail. Je vais essayer d’en faire encore un peu. Mais je suis vraiment trop distrait. Je manque de concentration. J’ai trop la tête ailleurs. Je ne suis plus vraiment efficace. Je suis quand même trop près du but. Je me raisonne. Allez Robert ! Un dernier petit effort.

Il est midi. Que vais-je manger? Quel sera ton programme Robert? Intensité moyenne ou élevée? Est-ce que je fais même bien de me poser la question? Est-ce vraiment utile? Dois-je me faire confiance? Vais-je changer d’idée lorsque j’aurai le cul sur mon bike? Je verrai.

Le soleil est sorti. Cela fait une heure que j’ai mangé. Le temps de choisir mon maillot, m’habiller, mettre ma ceinture de pulses cardiaque qui ne réussit pas à me donner le bon rythme parce que je suis trop énervé, et ça va y être !

14 heures, j’ai réussi à faire ce que j’avais à faire. Le téléphone peut bien sonner. Je n’attends plus rien d’urgent. J’enfourche ma bécane, je mets mon GPS en marche et je pars doucement. Combien de fois ai-je pu faire ces quelques rues pour sortir de mon quartier? Des centaines de fois? Des milliers? Cela ne fait pas deux minutes que je mouline sur le boulevard, que je sais que je vais être dans une bonne journée. Je me sens bien. J’ai le sourire accroché dans face. Mes jambes tournent bien. Pas de douleur de la veille. Je sais que je me dois d’être patient avant de donner le premier effort. Je n’irai quand même pas faire le contraire de ce que je conseille à tout le monde. Je tourne les manivelles à 100 révolutions la minute. Mon cœur prend son rythme aussi. Tout va pour le mieux. J’emprunte le premier rang qui me mène vers le Nord de la ville. C’est à ma première montée que je verrai comment je vais me sentir, comment je vais gérer ma sortie. Est-ce que je cherche à me contenir en roulant relaxe avec des intensités exigées par le parcours ou bien je roule au train selon ce que mon corps me dictera ou me permettra?

Cela fait trop longtemps que je me suis donné. Je me sens tellement bien que ma raison n’est plus en état de prendre les bonnes décisions. Malgré mes premières intentions, je m‘agrippe à mon vélo et je ne lui donne aucun répit. Je commence par me concentrer sur mon coup de pédale, je vérifie ma cadence, 60-70 en montée bien appuyée, j’en ai dedans, 75-85 sur le plat, faux plat ou what ever ! ENVOYE mon homme ! J’ai peine à me contenir. Ma respiration est sous contrôle, je récupère bien quand c’est nécessaire et aussitôt que je le peux, j’en remets, je reprends à un rythme soutenu ! Durant un court instant, Je ne sais plus, je suis un peu dans le doute. Vais-je résister au rythme que je m’impose? Finalement, je chasse toutes ces idées de mon esprit. Ça va aller. Je demeure confiant. Plus je me donne, plus je mets du braquet, plus ma vitesse de croisière augmente, plus çà fait mal, plus je me dis que c’est normal, et plus je me sens bien. 50 kilos de faits, est-ce que je fais une pause? C’est relativement frais encore à ce temps-ci, j’ai à peine une bouteille de prise, j’ai plein de petits fruits, mes jambes pètent le feu, alors je décide de faire ma « run » de 100 kilos non-stop au train pour ne pas dire bien accotée. Chaque geste de ma part est épié. Chaque difficulté me dicte une position sur le vélo, une façon de rouler. Je n’y peux rien. Chaque segment de route, chaque passage est scruté à la loupe. Étais-je bien braqué? Me suis-je levé en danseuse au bon moment? L’ai-je enduré jusqu’au sommet? Ai-je accepté de souffrir, aurais-je pu en prendre plus? Ai-je bien géré mon énergie pour bien relancer? Dois-je lever le pied? Des questions qui doivent toutes passer par mon centre nerveux cérébral. Des questions traitées instantanément à la milliseconde par mon bagage expérientiel, par des corrélations, des sensations, des ressentis validés et contre vérifiés dans mon cerveau depuis plus de 30 ans ! Si je détecte une erreur, un manquement à quelque chose, je m’efforce d’y remédier dès la prochaine occasion. Rien n’est laissé au hasard !

J’arrive près de chez moi. L’entrainement est terminé. Je ralentis et je m’assure de rentrer à la maison en toute sécurité. Assis confortablement dans mon portique où sont rangés tous mes kossins de vélo, casque, souliers, etc.  Je m’étire doucement en enlevant mes souliers. Mes muscles se détendent. Je visualise ma sortie. Mon visage s’éblouit de satisfaction, du devoir accompli. Mon cell quelque part me signale déjà des « Kudos » de ma sortie, qui s’est déjà téléchargée dès mon arrivée. Boisson de récup à la main avec quelques friandises, je vérifie tout de même mes résultats, voire si mes impressions s‘avèrent juste. Remis en justes perspectives, ai-je si bien travaillé que cela? La réponse est oui. Mission accomplie. Tu peux aller te doucher mon Bob.

Ma blonde rentre de travailler. Je suis de bonne humeur. J’ai eu le temps d’aller faire les courses, peut-être même d’avoir fait le souper. Je mérite ma bière ou mon verre de vin. Après avoir fait le bilan de notre journée en famille, une douce étreinte, il est 23h et je m’abandonne dans profond sommeil vide d’aucune préoccupation. Une journée parfaite.

7h30 le lendemain, je termine en un temps de le dire ma job d’hier qui me tracassait. J’en rédige le rapport dans le temps de le dire. Tout est parfait et à mon goût. La journée est pluvieuse comme prévu. Je ne m’en fais pas. Je surfe encore sur l’adrénaline d’hier. Je suis super allumé. Je vais prendre de l’avance et si demain il fait beau bien…On recommencera. »

Et ainsi va la vie…

***
(À suivre... dans une semaine)

Coach BOB la gazelle!
--------- __o
------- _-\ <,'  
Aussi un rouleur!

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Note de l'auteur

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