Hier vendredi, je suis ressorti avec mes meilleurs amis de vélo. Nous ne pouvions pas manquer cette magnifique journée d’automne ensoleillée. À l’aube de l’hiver, en fin de saison, alors que la forme est encore excellente, la saison d’automne est là pour nous rappeler combien nous sommes privilégiés de pouvoir rouler sur nos parcours préférés tout enflammés de couleurs! C’est une sensation de liberté difficilement explicable. Je me suis déjà risqué d’y mettre des mots pour la décrire et j’avoue n’y être jamais parvenu. C’est un secret qui m’habite, qui me rend heureux, qui vous habite également j’en suis sûr et que nous partageons tous.
Cela fait maintenant plus de 30 ans que je sillonne les 4 horizons de ma région à vélo. À faire entre 6, 8 à 10 000 kilos par saison, cela fait beaucoup beaucoup d’heures et de distance à partager avec les automobilistes. Au cours de toutes ces années, plus souvent qu’autrement, lorsque j’accroche mon vélo au plafond du sous-sol, j’ai un sourire en coin, je suis serein, je suis comme au levé le matin à la fin d’un beau rêve. L’éveil à une autre réalité se fait en douceur et il est facile de passer à autre chose.
Cette année par contre, pour être bien honnête, je suis inquiet et préoccupé par mon sport, pour ce qu’il est devenu, autant par ses adeptes que par ceux avec qui on doit partager la route. À vrai dire, cela fait quelques années que je suis habité par ces bouleversements intérieurs et je sais que je ne suis pas le seul à les ressentir.
Il y a 30 ans lorsque nous partions au printemps en sortie de club dans le Parc des Laurentides vers l’étape, avec qu’une tuque sur la tête, sans accotement avec les remorques de pitounes, nous nous faisions klaxonner au loin pour annoncer sa venue et souvent les gens nous faisaient des bye bye. Nous étions des marginaux. Les gens nous trouvaient sans doute très téméraires, voire cinglés, mais en y pensant, j’ai comme l’impression qu’ils étaient plus conscients que les conducteurs d’aujourd’hui de notre vulnérabilité, des risques que nous prenions. Oui parfois, nous rencontrions des automobilistes négligents qui passaient trop près de nous, mais ma foi, pas plus souvent qu’aujourd’hui
Oui, il est vrai. Le cyclisme s’est développé à une vitesse fulgurante, surtout depuis les 10 dernières années. Seulement hier, on se serait cru comme lors d’un beau dimanche de juin en début de saison. Autant je ne croisais que les mêmes cyclistes autrefois sur les grands chemins, qu’aujourd’hui je me demande parfois d’où sort tout ce beau monde. C’est rendu maladif.
Cet envahissement soudain des cyclistes sur les grands chemins, l’inexpérience de certains, et des fois je me dis, de plusieurs d’entre eux faut l’admettre, jumelés à l’augmentation de la circulation automobile, aux textage au volant, exacerbée par les radios poubelles qui, ne comprenant aucunement notre réalité (re. Code de la sécurité routière) et les conséquences de leurs propos en encourageant les automobilistes à nous crier après, font en sorte que cela a créé un climat malsain et c’est nous, cyclistes, qui en payons le prix.
Quel prix les automobilistes pourraient-ils demander? Bien au prix d’en perdre sa vie! Eh oui, de mourir. Rappelons-nous cette équipe de triathloniens en Montérégie qui fut ramassée par un travailleur soi-disant endormi au volant. Je dis soi-disant, parce que le fléau du cellulaire au volant ne fait pas qu’inquiéter le cycliste vulnérable, je n’arrête pas de dire à mon monde d’être disciplinés et de demeurer à la file indienne tant j’ai la chienne maintenant, mais aussi les automobilistes qui, de façon inattendue, se font rentrer « dans le cul » comme on dit ou les voient changer de voie vers eux à la dernière minute pour un face à face. Ce n’est plus une préoccupation de seulement les cyclistes cette affaire-là!
Mon beau vendredi ensoleillé de tantôt et cette belle fin de saison que je m’apprête à finir viennent d’être assombris par le drame d’horreur que mon ami Fred Perman a connu jeudi soir dernier sur le boulevard Gouin à Montréal.
Voici l’extrait de son récit sur sa page Facebook
« Violente chute de vélo
Mercredi en fin de journée, 17h10, je me suis fait frapper sur boul. Gouin, à 1 km de chez nous, par une voiture venant de derrière moi.
Résultat de la course;
Commotion cérébrale avec perte de connaissance pendant 40 minutes approx.
Fracture de la cinquième vertèbre cervicale.
Fracture de la clavicule gauche.
Fracture de l'omoplate gauche.
Fracture du péroné gauche.
Multiple fracture au visage.
De loin, mon pire accident, place à ma récupération. Difficile de trouver sa place dans le lit avec les différentes douleurs. Enfin, je modifie mon style de vie et pense déjà à l'après. Je dois porter un collet pendant au moins 1 mois et demi et porter une chaussure spéciale pour supporter la fracture de la jambe. C'est sûr que je dois, il me semble récupérer de mon choc. Il semble d'après le rapport de l'hôpital que la voiture m'a frappé à grande vitesse, ou du moins une vitesse excessive par rapport à celle encourue normalement sur ce type de route.
Dur.....
On m'a recousu le visage avec 2 points de suture. Je n'ai rien vu venir. Aucun souvenir même d'avant l'impact.je me suis réveillé à l'hôpital totalement confus. J’ai été pris royalement par les services de l'hôpital Sacré-Cœur et je suis ressorti hier soir après avoir été évalué par 4 différents médecins. (Ophtalmo: yeux, Neuro, Chirurgien plastique et orthopédiste).
J'attends de voir le rapport de police pour connaitre exactement les circonstances de mon accident. Mon vélo est au poste de police et semble une perte totale, cadre coupé en deux.
Enfin, une nouvelle page s'ouvre pour moi aujourd'hui. Avancer pendant les prochaines semaines avec mes différents handicaps. Je vous tiens au courant. Je ne vous partage pas encore ma photo de mon visage. Ce n'est pas très beau à voir.... »
Croyez-vous le fun? Croyez-vous cela sécurisant? De penser que votre vie pourrait basculer comme la sienne, de même, subitement, à cause d’une imprudence, de la négligence d’un automobiliste?
Oui je sais, vous avez raison les automobilistes de penser que plusieurs d’entre nous doivent être plus disciplinés. C’est indéniable et j’espère que ce petit texte en fera réfléchir quelques-uns. On se doit de respecter le code de la sécurité routière et rouler à la file indienne sur les boulevards et les nationales à tout le moins, on s’entend que 2 par 2 sur les petites routes de campagne, cela ne fait mourir personne, mais vous automobilistes, ne vous serait-ils pas possible d’être un peu plus indulgents et patients à notre égard? Attendre en lieu sûr, un bout droit pour nous dépasser en toute sécurité pour respecter la norme du mètre et demi, ne vous fera pas retarder énormément vous savez?
Et vous savez quoi? De plus en plus de cyclistes comme moi vous en seront reconnaissants et vous salueront de la main dans votre miroir. Vous ne croyez pas qu’il est plus valorisant d’avoir bien agi et d’en être reconnu que de nous appuyer le klaxon au fond pour nous faire peur tout en nous frôlant en vous disant « tiens toé mon ptit christ »?
Hein? Qu’en pensez-vous? Nous avons tous le privilège de rendre la vie plus agréable, plus le fun. Alors, SVP soyons plus sages, arrêtons cette petite gueguerre que nous entretenons et vivons dans un monde meilleur.
Partageons en adulte la route :-)
Coach BOB la gazelle!
--------- __o
------- _-\ <,' Aussi
un rouleur!
----- (_)/(_)
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Excellent, il faudrait partager ce texte sur Facebook
RépondreSupprimerMerci pour le compliment. Il est sur ma page facebook en mode public. Peut-être que tu pourrais le retrouver sur ma page https://www.facebook.com/robert.harmegnies et le partager si le coeur t'en dit
SupprimerBon texte. Je l'ai partagé sur FB.
RépondreSupprimerÉ. Tremblay