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vendredi 8 juin 2018

Sport’s addiction

Excès dans le sport

J’ai du millage au compteur. La forme est là, malgré mes ptits bobos qui, au fil du temps, viennent m’incommoder. Je vieillis c’est sûr. Je n’ai plus forme d’antan. Mes meilleurs résultats Strava sont depuis longtemps inatteignables. À vrai dire, je m’y éloigne toujours plus, année après année. Je me console en me disant que tous les gars et filles de mon âge sont frappés par cette dure réalité. On ne peut plus revenir en arrière. Il faut juste regarder en avant.

Cela fait deux jours qu’il ne fait pas beau. Je ressens le ressac de l’inactivité. Comme somnoler de bonne heure en soirée parce que je n’ai rien demandé à mon corps dans la journée. Il n’a pas reçu sa dose d’endorphine. Je ne me sens pas vraiment bien intérieurement. Je me couche le soir un peu anxieux. Je me demande ce qu’il fera demain. Va-t-il faire beau? Mon programme est tout chambarder. J’aurais tellement souhaité travailler ma position en souplesse sur faux plat montant, vérifier ou j’en suis en résistance sur un plus gros braquet. Puis, s’il ventait moins, peut-être souhaiterais-je aller chercher du dénivelé? Il me semble que cela fait un ptit bout de temps que j’en n’ai pas fait. Je sais qu’il faut que je m’y remette. Je sais que j’ai des sorties qui s’en viennent, qui m’en demanderont.

J’ai une grosse journée de travail demain. Comment vais-je m’y prendre s’il fait beau? J’ai de la misère à m’endormir. Mon esprit voyage entre une ascension dans un col et ce travail complexe pour un client que je n’arrive pas à finir, parce que je surfe constamment sur la météo à la recherche d’une percée de soleil. Il est minuit, je vire en rond encore parce que je ne sais pas comment je vais entreprendre ma journée demain.

6h du matin. Mon réveille sonne. C’est mon heure de lever. Le temps s’est semble-t-il éclairé. En sirotant mon café, Météo Média annonce un dégagement en PM avec un peu de chaleur, mais le mauvais temps revient les jours suivants!! Christ de calice! Mais dans quel pays de merde vivons-nous? Mon disque dur tourne à pleine vitesse. Comment vais-je m’organiser? Ma blonde me demande si je veux un smoothie? Heu Heu…quoi? Oui oui chérie. Je ne suis pas vraiment là. Heureusement, elle le sait ce que je mijote. Elle vient d’entendre la météo à radio Canada elle aussi. Elle sait ce que ça veut dire pour moi et pour elle aussi tant qu’à faire. Sans que je m’en sois aperçu, elle a fini de déjeuner. Son manteau sur le dos, elle vient m’embrasser pour me souhaiter bonne journée.

Il est 7h30. J’ouvre mon ordi. Je sors cette job à faire. Je suis tout excité à la seule pensée que je pourrai sortir. Je me raisonne. En ni un ni deux, il est 10h. Je me suis pas mal avancé. Je dirais pas mal plus que je ne l’aurais cru. C’est donc l’heure de la pause. Je l’ai mérité. Je cale un grand verre d’eau. Je descends en bas. Je monte mon bike à l’étage. Je gonfle mes pneus, huile ma chaîne et prépare mes bouteilles. Bon, je suis prêt! Je retourne à mon travail. Je vais essayer d’en faire encore un peu. Mais je suis vraiment trop distrait. Je manque de concentration. J’ai trop la tête ailleurs. Je ne suis plus vraiment efficace. Je suis quand même trop près du but. Je me raisonne. Allez Robert! Un dernier petit effort.

Il est midi. Que vais-je manger? Quel sera ton programme Robert? Intensité moyenne ou élevée? Est-ce que je fais même bien de me poser la question? Est-ce vraiment utile? Dois-je me faire confiance? Vais-je changer d’idée lorsque j’aurai le cul sur mon bike? Je verrai.

Le soleil est sorti. Cela fait une heure que j’ai mangé. Le temps de choisir mon maillot, m’habiller, mettre ma ceinture de pulses cardiaque qui ne réussit pas à me donner le bon rythme parce que je suis trop énervé, et ça va y être!

14 heures, j’ai réussi à faire ce que j’avais à faire. Le téléphone peut bien sonner. Je n’attends plus rien d’urgent. J’enfourche ma bécane, je mets mon GPS en marche et je pars doucement. Combien de fois ai-je pu faire ces quelques rues pour sortir de mon quartier? Des centaines de fois? Des milliers? Cela ne fait pas deux minutes que je mouline sur le boulevard, que je sais que je vais être dans une bonne journée. Je me sens bien. J’ai le sourire accroché dans face. Mes jambes tournent bien. Pas de douleur de la veille. Je sais que je me dois d’être patient avant de donner le premier effort. Je n’irai quand même pas faire le contraire de ce que je conseille à tout le monde. Je tourne les manivelles à 100 révolutions la minute. Mon cœur prend son rythme aussi. Tout va pour le mieux. J’emprunte le premier rang qui me mène vers le Nord de la ville. C’est à ma première montée que je verrai comment je vais me sentir, comment je vais gérer ma sortie. Est-ce que je cherche à me contenir en roulant relaxe avec des intensités exigées par le parcours ou bien je roule au train selon ce que mon corps me dictera ou me permettra?

Cela fait trop longtemps que je me suis donné. Je me sens tellement bien que ma raison n’est plus en état de prendre les bonnes décisions. Malgré mes premières intentions, je m‘agrippe à mon vélo et je ne lui donne aucun répit. Je commence par me concentrer sur mon coup de pédale, je vérifie ma cadence, 60-70 en montée bien appuyée, j’en ai dedans, 75-85 sur le plat, faux plat ou what ever! ENVOYE mon homme! J’ai peine à me contenir. Ma respiration est sous contrôle, je récupère bien quand c’est nécessaire et aussitôt que je le peux, j’en remets, je reprends à un rythme soutenu ! Durant un court instant, Je ne sais plus, je suis un peu dans le doute. Vais-je résister au rythme que je m’impose? Finalement, je chasse toutes ces idées de mon esprit. Ça va aller. Je demeure confiant. Plus je me donne, plus je mets du braquet, plus ma vitesse de croisière augmente, plus çà fait mal, plus je me dis que c’est normal, et plus je me sens bien. 50 kilos de faits, est-ce que je fais une pause? C’est relativement frais encore à ce temps-ci, j’ai à peine une bouteille de prise, j’ai plein de petits fruits, mes jambes pètent le feu, alors je décide de faire ma « run » de 100 kilos non-stop au train pour ne pas dire bien accotée. Chaque geste de ma part est épié. Chaque difficulté me dicte une position sur le vélo, une façon de  rouler. Je n’y peux rien. Chaque segment de route, chaque passage est scruté à la loupe. Étais-je bien braqué? Me suis-je levé en danseuse au bon moment? L’ai-je enduré jusqu’au sommet? Ai-je accepté de souffrir, aurais-je pu en prendre plus? Ais-je bien géré mon énergie pour bien relancer? Dois-je lever le pied? Des questions qui doivent toutes passer par mon centre nerveux cérébral. Des questions traitées instantanément à la milliseconde par mon bagage expérientiel, par des corrélations, des sensations, des ressentis validés et contre vérifiés dans mon cerveau depuis plus de 30 ans! Si je détecte une erreur, un manquement à quelque chose, je m’efforce d’y remédier dès la prochaine occasion. Rien n’est laissé au hasard!

J’arrive près de chez moi. L’entrainement est terminé. Je ralentis et je m’assure de rentrer à la maison en toute sécurité. Assis confortablement dans mon portique où sont rangés tous mes kossins de vélo, casque, souliers, etc.  je m’étire doucement en enlevant mes souliers. Mes muscles se détendent. Je visualise ma sortie. Mon visage s’éblouit de satisfaction, du devoir accompli. Mon cell quelque part me signale déjà des « Kudos » de ma sortie, qui s’est déjà téléchargée dès mon arrivée. Boisson de récup à la main avec quelques friandises, je vérifie tout de même mes résultats, voir si mes impressions s‘avèrent juste. Remis en justes perspectives, ai-je si bien travaillé que cela? La réponse est oui. Mission accomplie. Tu peux aller te doucher mon Bob.

Ma blonde rentre de travailler. Je suis de bonne humeur. J’ai eu le temps d’aller faire les courses, peut-être même d’avoir fait le souper. Je mérite ma bière ou mon verre de vin. Après avoir fait le bilan de notre journée en famille, une douce étreinte, il est 23h et je m’abandonne dans profond sommeil vide d’aucune préoccupation. Une journée parfaite.

7h30 le lendemain, je termine en un temps de le dire ma job d’hier qui me tracassait. J’en rédige le rapport dans le temps de le dire. Tout est parfait et à mon goût. La journée est pluvieuse comme prévu. Je ne m’en fais pas. Je surfe encore sur l’adrénaline d’hier. Je suis super allumé. Je vais prendre de l’avance et si demain il fait beau bien…On recommencera.


 Coach BOB la gazelle!
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------- _-\ <,' 
Aussi un rouleur!
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3 commentaires :

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